Aux cœurs de Rome...
CUORI PURI (13,8) (Roberto De Paolis, ITA, 2017, 115min) : Une chronique réaliste amoureuse et sociale entre un marginal gardien de parking à proximité d’un camp de Roms et une jeune fille très...
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le 29 mai 2017
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"Coeurs purs" commence et se termine par la course effrénée et tendue de Stefano, le jeune héros de ce film au réalisme social bien ancré. Une tension qui ne s'apaisera jamais tout à fait tant l'univers dans lequel notre jeune héros évolue, est terne, fermé, presque désespéré.
Roberto de Paolis, s'appuie, pour son premier film, sur son expérience de photographe pour apporter un éclairage d'une grande justesse et netteté sur les peurs urbaines attachées à l'inconnu. Il joue constamment sur deux tableaux qui se juxtaposent au gré de l'histoire. La relation presque agressive entre Agnese et Stefano et l'environnement dans lequel ils évoluent tous deux, un quartier difficile en périphérie de la grande ville. L'aspect micro-humain de la vie (l'intime) souvent malmené par le macro-urbain (ville intense). Ce choix scénaristique audacieux est l'une des grandes qualités de ce film où la liberté est synonyme d'impératif pour vivre.
Stefano, un bello ragazzo à la Pasolini, dont la famille en grande précarité ne s'appuie plus que sur lui pour éviter d'être à la rue, tente par tous les moyens de s'en sortir. Agent de sécurité en centre commercial, il est rétrogradé vigil sur un parking attenant à un campement de Roms. Malgré les difficultés de la situation, il tente de resister aux provocations multiples.
Agnese, est une jeune fille réservée, issue d'un milieu modeste, ultra catho, elle est élevée par sa mère. Mais la fin de son adolescence marque également son désir de pouvoir enfin vivre.
Entre Stefano l'arrogant et Agnese la risque tout, va se nouer et se jouer une relation complexe, mais comme deux félins allant se désaltérer à l'oasis, ils finiront par s'apprivoiser. En parallèle à cette relation qui se noue, il faut faire face aux autres. Les familles (l'une qui a baissé les bras et la mère d'Agnese presque castratrice), l'omni présence des "étrangers", les jugements moraux (le prêtre notamment), la violence, la drogue... Et c'est cet ensemble de peurs de l'autre qui rend si difficile cet amour naissant.
Sans jamais porter de jugement, Paolis se veut observateur, presque en ethnologue dans la démarche. Il cale le rapprochement de chaque séquence ou plans réalisés avec son sujet tout en donnant l'impression d'une grande liberté au tournage. La mise en scène est nerveuse et ne laisse guère de répit ni aux protagonistes ni au spectateur. Il s'y trouve une exigence qui se rapproche de l'urgence. A tout moment la situation peut détoner, le drame étant constamment à portée de vue.
Ce même niveau d'exigence se retrouve chez les interprètes, Simone Liberati (Stefano) et Selene Caramazza (Agnese) sont époustouflants de maitrise et véritablement imprégnés de leurs rôles loin d'être évidents. Tous deux amènent une fièvre, qui tient autant au corps qu'au cœur du film.
On peut toutefois regretter la fin, non pas pour ce qu'elle est, mais traitée par contre trop rapidement à l'instar de certaines scènes qui elles, auraient pu être allégées. Heureusement, le tout dernier plan, sonne comme une victoire, celle d'une pureté, qui après de multiples rebonds instaure un espoir auquel on ne croyait plus.
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Créée
le 18 janv. 2018
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