Attentat de bonne humeur
Fabrice Eboué se retrouve doublement aux commandes de cette comédie qui mérite d'avantage d'attention qu'on ne pourrait le croire initialement : à la fois réalisateur et, dans le film lui-même,...
le 24 oct. 2017
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Fabrice Eboué se retrouve doublement aux commandes de cette comédie qui mérite d'avantage d'attention qu'on ne pourrait le croire initialement : à la fois réalisateur et, dans le film lui-même, organisateur, pris au mot par sa patronne (Mathilde Seigner, excellente en responsable tyrannique, le regard plissé et froid...), d'un rassemblement inédit : trois responsables religieux - un prêtre, un imam et un rabbin - devront former un trio chantant œcuménique capable de remplir l'Olympia...
Le film retrace la recherche, la sélection des candidats et leur montée vers le succès. Sujet glissant. Mais Fabrice Eboué, également scénariste et co-producteur du film, prend soin de camper trois figures qui, d'une manière ou d'une autre, manifestent une forme de distance avec la religion : l'imam (Ramzy Bédia, excellent) n'en est pas vraiment un, puisque Moncef, obscur chanteur de bar fortement porté vers la boisson et les femmes, se retrouve affublé du rôle, aucun responsable religieux n'ayant consenti à se laisser dévoyer... Le rabbin, Samuel (Jonathan Cohen, au jeu très contrasté), n'exerce plus, depuis qu'une circoncision malheureuse l'a plongé dans une sorte de dépression de fond, avec accès aigus... Et le prêtre (Guillaume de Tonquédec, excellent en Benoît plein d'onction...) se révélera tout disposé à aimer une mortelle plus que son Jésus-Christ... Point d'intégrisme, donc, de quelque côté que ce soit...
C'est cet équilibre constamment maintenu qui préserve le film des abîmes qui le cernent incontournablement. Avec une certaine audace, le réalisateur, servi par sa joyeuse bande d'acteurs, distribue équitablement petits coups de patte aux trois religions représentées et situations loufoques innocemment désopilantes. Le jeu des acteurs, tout en déployant l'intensité nécessairement attachée au genre comique, reste subtil et nuancé, si bien que le sourire qui lifte le visage des spectateurs ne se détend que pour laisser place au rire.
Au bout du compte, entre petits frottements attentatoires et rire salvateurs, on se dit que Fabrice Eboué nous a permis de trouver drôles certains excès et travers de la religion, ce qui ne nous était plus arrivé depuis quelques années. Décrispation d'autant plus salutaire et bienvenue qu'elle s'attache à la démonstration d'un vivre-ensemble qui ne semble finalement pas hors de portée, si chacun allait vers cette co-existence qui respecte l'autre et ne prétend pas gommer les singularités respectives. On pourrait même souhaiter que ce film connaisse une large diffusion sur le territoire français, afin que, se glissant par la brèche du rire, un doute et une réflexion puissent venir fendre les dogmatismes...
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le 24 oct. 2017
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