Film à sketches, et ovni cinématographié, voilà un curieux objet qui va laisser les amateurs d’originalité, sans voix, bouche bée de stupéfaction. Une caméra fixe, deux chaises autour d’une table, deux individus, on n’a même plus besoin d’avoir des acteurs, on peut prendre des célébrités qui jouent leur propre rôle. Le prétexte, c’est une tasse de café, et l’action c’est dans les dialogues seulement, c’est pour le moins minimal. Malentendus, quiproquo, propos surréalistes ou volontairement à côté de la plaque, humour au cinquantième degré, on est au croisement du théâtre et de la pure performance dans le style « l’art pour l’art ». Un dispositif mental, et le plus étonnant c’est que malgré cette sécheresse apparente, cela fonctionne quand même. On se prend à rêver, avec un noir et blanc de rigueur, pour faire encore plus sérieux et abstrait, sans affects, ou concepts inutiles. Un délire avec un haut degré de performance, de présence face caméra. C’est tellement décomplexé qu’on plane, même si on ne comprend pas tout…heureusement. Autour d’une tasse de café, et en fumant une cigarette, en parlant de rap, d’Elvis, d’un groupe de rock inconnu qui s’appelle…Sqürl !?
La prestation de Kate Blanchet est un paradoxe impossible à refaire au théâtre, soit dit en passant, à voir. Le trucage est simple mais imparable. Le jeu de rôles entre les acteurs, l’italien et l’anglais est irrésistible. Mon sketch préféré. Le quiproquo entre Alex Descas et Isaac De Bankolé est tellement absurde, qu’on pense qu’à un moment ou un autre, ils vont finir par se battre. On a aussi Bill Murray qui rencontre deux rappeurs : GZA et RZA. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, le vieux Bill n’est pas du tout largué par deux gars du WuTang, bien au contraire. Et à chaque sketch, une proposition différente, des rencontres d’une réconfortante fraîcheur, une joute verbale, et beaucoup de choses exprimés. En peinture en appellerait ça une aquarelle. C’est le genre de surprise auquel on ne s’attend plus dans notre panorama aseptisé, et qu’on met de côté pour le re-regarder un de ces jours. Ça fait du bien.