Cold Fish (titre original: "Tsumetai nettaigyo") est une sorte de thriller "à la coréenne" inspiré d'un fait divers s'étant déroulé au pays du soleil levant, et réalisé par un japonais qui s'est l'espace d'un instant improvisé cinéaste du pays du matin calme. Vous me suivez ? Je pilote.
L' "HELL DAURADE" HAUT
C'est l'histoire d'un clown et d'un chirurgien qui se disputent un perroquet...non je plaisante. C'est donc l'histoire de Nobuyoki Shamoto, gérant d'une boutique de poissons tropicaux, avec sa deuxième femme, Taeko, et sa fille Mitsuko. Tout commence lorsque cette dernière se fait pincer, non pas par un crabe (ces sales bêtes s'incrustent assez, il faut bien le dire), mais en flagrant délit de vol dans un magasin. Il faut dire qu'elle ne se sent pas comme un poisson dans l'eau dans cet environnement familial. Elle veut partir. Mais dans une telle situation, elle fugue où ? "Mérou aller dans ce monde de requins ?", doit-elle se demander.
C'est alors que Monsieur Murata fait son apparition. Cet homme d'âge mûr, charismatique et bienveillant, du moins en surface, est en fait une sorte de Merlan l'Enchanteur qui va vouloir aider les Shamoto, avec sa propre femme, l'intrigante Aiko. Aider le couple à prospérer et à aller de l'avant, aider leur fille à trouver sa voie, telles semblent être les nouvelles causes que Murata défend.
Mais l'illusion ne durera qu'un temps, et notre passif Shamoto se retrouvera très vite à conduire Monsieur Murata dans une vieille chapelle abandonnée, sur le Mont Harakiri. Un lieu sordide, dans lequel le vieil homme commet sa vile besogne. Mais je ne spoilerai rien de plus, je préfère rester muet comme une carpe.
Ce qui interpelle assez rapidement dans le film, c'est la crudité des images. Les deux ingrédients de bon nombre de thrillers asiatiques actuels, à savoir le sexe et la violence, sont omniprésents, et montrés de manière assez frontale. Difficile pour moi de dire si ce style est habituel chez le réalisateur, s'agissant de mon premier Sono Sion, ou bien si c'est la présence de Sushi Typhoon à la production qui explique cette déferlante de seins et de gore.
POUPEE DE SCIE, POUPEE DE SION
Du point de vue sonore, point de "Le loup, le renard et l'ablette", de "Comme un gardon" (j'ai les cheveux longs...) ni même un seul titre de Salmon & Garfunkel. Ici, la musique se fera discrète tout du long, si ce n'est une certaine redondance de Mahler.
Dernière chose qui m'a marqué en visionnant cette bobine. Les actrices sont quand même sacrément charmantes. Point de rousses, toutes sont brunes, très bien mises en valeur et dénudées (pléonasme ?) de temps en temps. Des femmes jeunes et sexy, du sang et des lames. Cela ressemble quand même beaucoup à du slasher !
Le casting est globalement bon, l'évolution du personnage de Shamoto, interprété par Mitsuru Fukikoshi est très intéressante. Denden campe un Murata tour à tour touchant puis effrayant et dérangé. Pour rester dans la thématique aquatique, il ne manquerait plus que Colin Firth tiens...
Reste que j'ai parfois trouvé le film inutilement gore, et quand bien même je ne me suis pas ennuyé tout au long des presque 2H30 de l'oeuvre, ce style brutal parfois gratuit m'a empêché d'y adhérer pleinement .
Allez, silure de vous laisser, je veux faire un cadeau à Madame. Merci de m'avoir lu ! "Thanks a lotte" comme diraient nos amis anglophones.
Tant que j'y pense, je fonce donc à vive allure chez Yves Brochet en écoutant "Pisces Iscariot". Parce que bon, moi et ma mémoire de poisson rouge...
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Gardon(s) le meilleur pour la fin: 21 espèces de poissons ont été utilisées lors de la réalisation de cette critique. Aucun animal n'a été blessé.