Cold Prey
5.9
Cold Prey

Film de Roar Uthaug (2006)

Il est assez jouissif de voir le cinéma mondialisé régulièrement nous envoyer quelques péloche de genre bien gratinées. Alors que l'Espagne s'est engourdie dans ses acquis et devient beaucoup trop larmoyante, après un Japon qui a dégoûté tout le monde avec ses films de petites filles aux cheveux gras ou encore l4australie par le biais du très intriguant Greg McLean, voici venir le temps du grand Nord. Troll Hunter était un joli exercice de style, Dead Snow rigolol, Manhunt trop américanisé. Le véritable coup d'envoi est venu de l'un des films les plus marquants de ces dernières années : Morse, mélange de film de vampire et critique sociale admirablement réussie qui aura réussi à faire chialer ce bon vieux Guillermo Del Toro. Et voilà que les scandinaves s'attaquent au slasher...

Le scénario est basique au possible : 5 post-ados, dont deux couples et l'inévitable teneur de chandelles, partent en vacances dans un endroit reculé où ils seront pris en chasse par un vilain bonhomme dans un hôtel délabré. Le peu d'originalité vient du lieu, c'est la montagne donc c'est ultra cool et surtout naturellement cinématographique et d'une petite volonté de paiement dramatique, mais chut.

En gros, on est face à un mélange de ce qui se fait de pire dans le genre (le post-Scream) pour la présentation des personnages, et ce qu'a connu de mieux le genre depuis les 90's : Wolf Creek (qui utilise des codes du survival et du slasher), incontestablement l'un des films de genre les plus mésestimés parce que "hihi le réa prend son temps pour installer l'histoire et l'ambiance"). Les jeunes gens ici présents ont au moins le bon goût de ne pas être totalement rebutant, plutôt réalistes et donc sans le côté très niais des Scream-movies. Par exemple, l'habituelle pouf s'avère, en fait, être une jeune femme totalement perdue dans ses sentiments, beaucoup plus touchante que la blondasse habituelle. Parfois très cons, mais ça reste supportable et plus travaillé qu'il n'y paraît. Cependant, le scénario ne peut s'empêcher de se construire autour du schéma habituel, et ô combien téléphoné, dit des "5 djeunes qui partent en week-end". Soit deux couples et l'habituel teneur de chandelles qui s'avérera être le boulet au grand coeur. A partir de là, on ne peut nier que la mise en place d'une véritable ambiance et la volonté de projection, tout droit venue de Wolf Creek, tombe partiellement à l'eau puisqu'on connait la fin dès les premières minutes.

Heureusement, le film se rattrape grandement sur la deuxième partie, un cache-cache d'une tension surprenante, d'une noirceur à toute épreuve, que vient parfois gâcher une ambiance sonore exemplaire de cliché. La musique n'est pas en cause, au contraire son ton très dur et très à l'image de l'arme du tueur est une réussite. Mais les instants sursauts, légions, relève plus du "je le savais" que du "what the fuck ce film me rend barge". Dommage, mais c'est manifestement un choix. En tout cas le tueur, plus proche de Michael Myers que du dégénéré de Wolf Creek, joui d'un traitement premier degré très bien vu, mais reste trop classique pour véritablement marquer à l'image de l'australien timbré. Grande silhouette bien balèze armé d'une pioche parfaitement aiguisé, il hante les couloirs et le blanc profond qui englobe l'hôtel et se révèle lors d'un twist explicatif et pas mindfuck qui aurait pu décrédibiliser le film comme trop souvent dans ce genre.

Au final, une certaine impression de gâchis domine, à cause d'un classicisme de situation bien lourd face à une volonté louable de donner dans la violence âpre. On aurait aussi aimer un fond, mais le réalisateur a décidé de faire sans, ce qui est dommageable vu le potentiel inexploité du bad guy et de son passif. Peut-être pour la suite ?
Bavaria
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le 9 juin 2011

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