Il est très difficile d'émettre une critique et encore plus une notation sur ce Coldwater venu de nulle part. Son seul sujet suffit à savoir qu'on n'aura pas à faire à un film comme les autres. Voyez plutôt : une petite frappe, jamais le dernier à chercher la bagarre ou à refourguer de la drogue, se fait kidnapper en pleine nuit et se retrouve enfermé dans un camp de rééducation pour mineurs plongés dans la délinquance. Il comprend alors que ses parents, ne sachant plus que faire pour leur fils, l'ont inscris dans ce camp dirigé par d'anciens militaires pour le remettre dans le droit chemin. Pas tendres pour un sou, le capitaine et son équipe useront de méthodes musclées, allant de l'humiliation à la mutilation, pour parvenir à leurs fins.
Véritable film de prison en plein air, Coldwater reflète une vérité sur la société américaine : ces camps de redressement fleurissent dans la contrée de l'Oncle Sam et personne ne peut rien y faire. En effet, ne faisant pas officiellement partie de l'Etat américain, ces camps jouissent d'une quasi-impunité. Sans droit ni loi, les prisonniers ne peuvent que subir le harcèlement constant de leurs bourreaux, qui n'ont de compte à rendre à personne. Un carton nous annonce que des milliers de jeunes auraient trouvé la mort dans ces camps de redressement hardcores. De quoi avoir froid dans le dos.
Nous passons le film à suivre le héros entre présent et quelques flashbacks expliquant ce qui a bien pu amener ses parents à le condamner à un tel sort. Evidemment, ils ne pouvaient imaginer ce qui attendait leur fils, et nous non plus jusqu'à ce que nous y assistions. Car rien ne nous est épargné : abus de pouvoir, maltraitance, humiliations publiques. L'impression de revoir certains films sur la cruauté humaine : je fais du mal parce que je le peux. Parce que rien ne peut m'arriver. Salò n'est pas bien loin, même si Coldwater n'atteint jamais ce degré d’écœurement. Cinématographiquement, le film est très bien mené, jamais trop long, jamais agaçant. Certaines scènes font mal au cœur, tant le réalisme est fascinant (le film contient le cadavre le plus terrifiant que j'ai pu voir depuis longtemps); mais n'est jamais insoutenable.
On regrette un peu que la fin tombe dans la surenchère, même si on espérait silencieusement qu'elle se déroule de cette manière. Quant au héros, sorte de mini-Ryan Gosling, il est rempli de potentiel : le visage énigmatique, sans atteindre heureusement l'impassibilité de son aîné. Une jolie réussite.