Ce film prend une place méritée dans la liste des films US contestataires des années 65/75.
Un prof d'anglais noir (joué par Calvin Lockhart), peinard dans son établissement intégré, est bombardé vice-proviseur d'un lycée de banlieue 100% noir dans lequel une loi fédérale vient de décider d'envoyer 200 élèves blancs, lesquels se réduisent finalement à une poignée, suite aux nombreuses défections parentales. Dès lors, la vie quotidienne des quelques élèves blancs devient un "enfer".
Le pari du réalisateur noir Paul Bogart était très risqué: montrer un racisme inversé dans le but de faire comprendre / ressentir aux spectateurs blancs ce que des élèves noirs éprouvent, ressentent et vivent au sein d'une société à dominante blanche. Le pari est en partie réussi, même si le film manque d'une conclusion radicale et satisfaisante (mais qui oserait prétendre que le problème du racisme est résolu?). Il faut notamment déplorer que la scène d'agression sexuelle ne donne lieu à aucune conséquence dans le récit. C'est peut-être pourquoi ce film n'a pas suscité, à l'époque, les réactions qu'il était en droit d'espérer.
Les scènes de séduction entre Calvin Lockhart et Janet McLachlan, à la fois drôles et tendres, sont l'un des atouts majeurs du film.
Enfin, on aurait pu croire que ce film serait maintenu hors de l'oubli / invisibilisation habituelle dans lesquels la culture blanche maintient les productions noires puisqu'il s'agit là du premier rôle de Jeff Bridges, l'acteur le plus cool de sa génération, qui en compte pourtant beaucoup. (Le plus hallucinant, c'est qu'il y a carrément un moment où quelqu'un lui dit "Hey! You're a smart dude!" 28 ans avant The Big Lebowsky, c'était prémonitoire.) Mais non.. il n'existe que dans la mémoire de ceux qui veulent bien faire l'effort de s'en souvenir, si tant qu'ils fussent au courant de son existence.