Selon Que Vous Serez Puissant ou Misérable ...

La Città Sconvolta : Caciia Spietata Ai Rapitori au titre français plus concis de Colère Noire est un polar italien de 1975 réalisé par l'un des grands spécialistes du genre Fernando Di Leo. Le film inspiré d'un fait divers réel est écrit par Di Leo lui même associé à l'immense scénariste Ernesto Gastaldi ( Mon Nom est personne – L'Homme Sans Mémoire – L'Etrange Vice de Madama Wardh – Toutes les Couleurs du Vice Etc Etc ...)

Colère Noire nous raconte l'histoire d'un kidnapping, celui du fils d'un richissime homme d'affaire afin de demander une importante rançon. Alors qu'il tente de s'interposer pour protéger son copain, un autre garçon est lui aussi enlevé presque par hasard, il s'agît du fils d'un petit garagiste. Alors que ce garagiste qui ne possède rien est prêt à donner tout ce qu'il a pour sauver son fils, l'homme d'affaire entend négocier au plus juste la libération des deux enfants.

Avec cette histoire d'antagonisme de classe et d'approches radicalement différentes de la notion de négociation Colère Noire s'inscrirait presque plus dans une vague de polar social que dans celle traditionnelle du poliziotteschi. Avant que le film ne bascule dans une mécanique plus covenue de vigilante movie et de film d'action, Fernando Di Leo et Gastraldi nous propose même un film aux allures de thriller financier. Colère Noire montre à quel point tout n'est que business et tractations financières pour celles et ceux qui ont placés l'argent au plus haut de leurs valeurs. Dans ce petit jeu, les malfaiteurs sont décrits tels des affairistes organisés comme des entreprises et le richissime entrepreneur jouera l'avenir des enfants séquestrés comme on joue à la bourse ou au poker en tentant de minimiser au maximum ses pertes. Coup de bluff et de pression, stratégie d'attente pour faire monter la tension, le tout avec la mise à l'écart d'une police impuissante et désabusée. Les vies des deux enfants ne valent finalement pas grand chose tant pour les truands que pour cet homme d'affaire qui cherchent avant tout à gagner ou perdre le moins possible d'argent. Un jeu financier qui finira par conduire au drame et au sacrifice de la pièce la moins puissante de l'échiquier.

On retrouve dans Colère Noire un solide casting avec Luc Meranda dans le rôle de ce père garagiste seul et désespéré de voir son fils perdu au milieu d'un panier de crabes aux pinces s'agrippant à des liasses de billets. Un personnage plutôt passif au départ qui subit des enjeux qui le dépasse avant de finalement riposter dans une vendetta mortelle. Dans le rôle de ce riche industrielle on retrouve l'immense comédien James Mason qui incarne ici un homme froid et calculateur que l'on devine rompu aux exercices de magouilles financières et qui d'ailleurs déclare alors qu'on l'informe qu'un inspecteur souhaite le rencontrer : "Tant qu'il n'est pas de la brigade financière il peut venir". Et puis l'inspecteur en question est interprété par le fantasque et très expressif Vittorio Caprioli vu dans de nombreuses comédies françaises comme Le Magnifique, La moutarde me monte au nez ! Ou L'Aile Ou La Cuisse. Un très bon trio de comédiens pour des personnages un peu archétypaux mais suffisamment nuancés pour échapper à la caricature du gentil pauvre, du méchant riche et du flic exubérant. Si j'adore toute la première partie du film assez bavarde mais riche en tension dramatique je suis un peu moins emballé lorsque Colère Noire retombe dans un schéma plus convenu de film d'action certes efficace mais bien plus prévisible.

La Città Sconvolta : Caciia Spietata Ai Rapitori reste un petit polar surprenant et bien construit qui permet de passer un très bon moment.