Une nuit à Los Angeles.
Quelques heures qui vont tout changer dans les vies de Max et Vincent.
Un choc frontal entre deux destins.
Mann transforme une oeuvre de commande en un classique du polar (un de plus à son actif) et transcende un projet dont on imagine aisément ce qu’il aurait pu donner dans les mains d’un simple "faiseur".

Le hasard fait parfoit bien - ou mal - les choses, c'est selon.
Quand Vincent sort de l'aéroport pour prendre un taxi, Max, perdu dans ses pensées, ne fait pas tout de suite attention à lui.
Mais il le remarquera au dernier moment, changeant par la même occasion - il ne le sait pas encore - son destin.
Hasards et coincidences...

Première expérience numérique de Mann, le film est presque intégralement tourné (90% du film) en caméra HD, afin que le spectateur soit assuré de TOUT voir dans la nuit de Los Angeles.
Cela nous donne des plans d'une incroyable beauté, et transforme certaines parties du film en rêve éveillé, le plus bel exemple étant la fabuleuse scène des coyotes (les "alter-egos sauvages" de Vincent et Max ?), circulants en toute liberté dans un Los Angeles quasi-désert...
Le film se retrouve alors comme suspendu dans le temps.
Cela donne lieu à des scènes d'une incroyable tension: quand Vincent traque Annie dans les bureaux du procureur, on voit tout, on entend tout, l'assassin est à l'écoute du moindre bruit perceptible pouvant lui indiquer l'emplacement de sa proie.

Entres quelques pauses "planantes" (le club de jazz, d'une étrange poésie, ou l'on voit pour la première fois l'armure de Vincent commencer à se fissurer, la visite rendue à la mère de Max à l'hôpital...), "Collateral" reprends son implacable rythme de thriller, mu par les affrontements psychologiques entre Max et Vincent, et parsemé de soudains éclairs de violence.
Comme dans quasiment tous les fims de Michael Mann, une scène d'anthologie se détache du lot.
Ici en l'occurence, il s'agit de la fusillade en pleine boite de nuit, modèle d'efficacité, de chorégraphie et surtout de fluidité.
Seul Mann pouvait mettre en scène une telle scène d'action avec autant de brio.
La profondeur des personnages est l'autre point fort du film.
Jamie Foxx, alias Max le chauffeur de taxi, est bluffant d'humanité, consituant le parfait contrepoint à la psyché déglinguée de Vincent, et Tom Cruise apporte ici l'ultime preuve qu'entre les mains d'auteurs de talent, il reste le meilleur acteur de sa génération.
Sa composition d'impitoyable tueur à gage à la chevelure argentée - et pour le moins psychologiquement dérangé - dont les failles apparaissent peu à peu au court de la nuit, est fascinante et constitue l'un des sommets de la carrière de la star.

Si le principal sujet du film reste bel et bien les destins chamboulés de ces deux personnages - "l'armure" de Vincent se fissurant peu à peu avant sa chute finale, Max prenant peu à peu conscience de la passivité régissant sa vie, ce qui l'amenera d'ailleurs à enfin "AGIR", sauvant ainsi in-extremis ses fesses (ainsi que celles d'Annie par la même occasion) - il fallait tout le talent de Mann pour en faire l'un des thrillers majeurs de ces dernières années.

La classe, comme d'habitude.
Sylvinception
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Mes films "cultes" pour le meilleur...et aussi pas mal d'autres pour le pire!! :-) et Mon top 10 Michael Mann

Créée

le 11 mars 2013

Critique lue 280 fois

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Sylvinception

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