Paul Haggis a été tout un temps le scénariste de Clint Eastwood, signant notamment de sa patte le fameux Million Dollar Baby. Il avait même repris en main la saga des James Bond. Et puis, il s'est décidé: "si j'écris des bonnes choses, je suis sûr que je peux les réaliser".
Alors est né Collision. Disons-le tout de suite, c'est un film cultivant à la fois le cliché, le consensuel et le pathétique. Cocktail détonnant pour une des plus grosses arnaques oscarisées de ces dernières années.
Avouons quand même que ce film possède l'une ou l'autre qualité. C'est qu'à force d'insister pour nous en mettre plein les yeux et vouloir faire pleurer les chaumières, Haggis est capable de nous offrir l'une ou l'autre séquence pleine de tension. Voilà, c'est tout.
Le reste, c'est du cliché sur cliché pour dénoncer le racisme. Mais à force le film en devient pathétique. Dans cette oeuvre, chaque personne présentée est raciste. Il est évident que dans chacune des communautés, ça existe. Mais dans ce film, il n'y a personne ou presque pour contrebalancer. Et quand un gars est dégoûté du racisme d'un de ses collègues, on le retrouve une heure plus tard à tuer un pauvre gamin noir à cause d'un préjugé qu'il avait dans le coin de la tête. Ridicule, n'est-ce-pas?
Le pire, c'est qu'après nous avoir présenté tout le monde comme ayant des problèmes et étant méchant, Haggis va retourner la situation. Le consensuel arrive et tout le monde va devenir gentil et aimant. Bien sûr qu'une personne n'est jamais totalement bonne ou totalement mauvaise, mais passer d'un extrême à un autre, c'est incroyablement pathétique.
En fait, ce film ne pouvait que marcher aux Oscars. Parce qu'ils aiment quand la mise en scène est grand public, que le montage parait compliqué (mais en fait il est banal), que des acteurs de tout horizon se côtoient et jouent pour faire un film qui, à coup sûr, fera pleurer les chaumières et plaira au grand public. Ah oui, le film a le chic aussi de proposer des pistes sur d'autres problèmes de l'Amérique comme les armes à feu et la sécurité sociale, mais étant donné que ce sont des sujets brulants et qu'il fallait absolument à Haggis l'Oscar, on a préféré juste faire une allusion plutôt que d'en parler vraiment.
Alors, les acteurs, justement, c'est qu'en dépit des gros noms, il y en a vraiment que deux qui tirent leur épingle du jeu: Matt Dillon et Don Cheadle. Mais comme il y a tellement d'acteurs, on les voit pas assez à l'écran. Les autres acteurs sont corrects, mais pas vraiment inoubliables.
Paul Haggis signe donc avec Crash le type de film cliché récompensé par les Oscars. Surestimé? Bien sûr.