Ce conte fantastique gravitant autour de la Fête de Vigneron détonne dans le paysage du cinéma romand. Il souffre cependant d’un scénario inabouti qui vient grever l’audace et l’ambition de son concept.
Le chasselas est un cépage qui réunit toutes les conditions pour faire des grands vins : des somptueux terroirs divers et variés, un savoir-faire viticole ancestral ou encore les reflets d’un généreux Jean Rosset qui le baigne de lumière et de chaleur. Pourtant, son vin est souvent anecdotique. Il se fond dans la convivialité d’un apéritif mais s’oublie rapidement. C’est un peu le même problème avec Colombine.


La proposition est alléchante, ambitieuse voire carrément audacieuse : réaliser un conte contemporain construit autour de la magie de la Fête des Vignerons de 2019. Colombine (Eléa Dupuis), 13 ans, ignore tout de son père (Jean Aloïs Belbachir). Une mystérieuse magie liée à la grande fête traditionnelle veveysane va lui permettre de mener l’enquête en secret et au grand dam de sa mère (Marie Fontannaz).


Le cinéaste Dominique Othenin-Girard réalise ici un tour de force logistique et technique. Il réussit à tourner un film « dans la Fête » tout en composant avec un concept assez complexe, à mi-chemin entre Le Magicien d’Oz et Dr. Who. Il faut dire que l’homme bénéficie déjà d’une longue carrière qu’il a pu aiguiser à Hollywood. Le film est donc techniquement abouti. On se prête même à frissonner lors d’une angoissante visite nocturne de musée, rappelant qu’Othenin-Girard a également réalisé le cinquième opus de la saga Halloween.


Le problème vient plutôt du scénario qui n’exploite pas l’énorme potentiel de son concept. La FeVi n’est qu’un prétexte, un décor de luxe, un argument de vente. Le film s’y complait dans des scènes trop longues, à l’image d’une interminable course-poursuite impliquant le duo d’humoristes Cuche et Barbezat. Tel qu’il est écrit, le voyage d’Eléa aurait pu se faire n’importe où et n’importe quand. Les dialogues ne sont pas non plus toujours très naturels et donnent l’impression que le film a été scénarisé dans la précipitation.


Même si inaboutie, la proposition demeure originale, ambitieuse et mérite qu’on s’y attarde. Les enfants devraient accrocher aux pérégrinations de Colombine alors que les plus grands se délecteront des magnifiques paysages du Lavaux. Santé !

el_blasio
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le 28 oct. 2022

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