Run, man, run.
Quand, petit con que j'étais, j'ai découvert Van Cleef, il s'appelait Sentenza et c'est lui que j'ai adoré. Tuco ensuite. (Blondin n'a jamais été ma came) Il avait la classe, une tige de chasseur de...
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le 29 août 2013
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Colorado est le premier de la trilogie des westerns de Sergio Sollima avant Le Dernier face à face (1967) et Saludos Hombre (1968). Dès le début on est saisi par la chanson d’ouverture : Run, man, run du grand Ennio Morricone.
Ce western spaghetti instaure un climat tendu et ne lésine pas sur les séquences violentes caractéristiques du western italien. Et pourtant il ne quitte pas un ton léger, le sourire est resté sur mes lèvres quasiment durant tout le visionnage tandis que je suivais les mésaventures de ses deux personnages principaux : un chasseur de prime (Van Cleef) et l’homme accusé de viol et de meurtre qu’il est chargé de retrouver (Tomás Milián).
Colorado, c’est le récit d’une chasse à l’homme, qui met face à face ou dos à dos :
- Cuchillo Sanchez : un mexicain pouilleux, verbeux, manipulateur, comédien, braillard, rusé et rigolard !
- Jonathan Corbett : un chasseur de prime réputé, à l’air farouche, déterminé, le regard aiguisé, silencieux, posé.
Ces deux hommes ne cessent de se retrouver et de se perdre. La malchance semble jouer contre Corbett, mais aussi l’intelligence de Cuchillo et le manque de coopération de la police mexicaine qui n’aime pas les americanos. Et puis finalement peut-être quelque chose d’autre empêche Corbett de mener à bien cette mission… Tandis que Cuchillo finit toujours par obtenir ce qu’il veut. Il n’est jamais à court d’idées dans les situations les plus bouchées pour échapper à son poursuivant ! Et il s’en amuse : « tu ne m’attraperas jamais, amigo ! » ; « tout seul tu laisserais filer une limace unijambiste ! »
Au cours de cette poursuite sans répit, Colorado nous présente toute une flopée de personnages hauts en couleurs ainsi que divers lieux : des Mormons, un ranch dirigé par une femme aussi dangereuse qu’une araignée tissant sa toile mais aussi un baron autrichien Schulenberg, meilleur tireur d’Europe et devenu garde du corps d’un homme puissant de l’Ouest américain. Lors d’une rencontre avec Corbett, il l’interroge : « Avant de tuer un homme, que regardez vous chez lui ? ». Ce qui donne le charme particulier à cette scène c’est La Lettre à Elise qu’il joue paisiblement au piano, avec distinction, tout en contraste avec les propos violents qu’il est en train de tenir.
Cette chasse à l’homme prend un tour plus tragique quand tout un groupe s’y met avec une meute de chiens. Cuchillo devient alors une véritable bête apeurée, ne sachant plus comment échapper à ses poursuivants.
Le dénouement est amené de manière intelligente et nous offre trois séquences de duels, rien que ça ! Tous différents et délectables :
- le premier : revolver contre couteau. Une séquence lourde de tension, portée par la musique de Morricone, les visages des acteurs, les mains crispés sur le colt ou sur le couteau.
- le deuxième : tout différent, Deuxième duel qui n’est pas en reste avec le thème musical de La Lettre à Élise morriconisée et de formidables roulades au sol !
- Le troisième : un duel traître dont l’un des deux n’a aucune chance de s’en tirer !
« la chasse à l’homme est finie ! » peut enfin proclamer Corbett ! Une chasse à l’homme qui nous aura captivé, amusé et qui nous aura donné à rencontrer des personnes de milieux sociaux bien différents : des richissimes et des « pouilleux » comme les mexicains sont appelés avec mépris. Au milieu de tout ces protagonistes, Corbett fera son discernement et agira en conséquence. Un western généreux et divertissant !
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Créée
le 31 août 2022
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