Seconde moitié des années 80: le scénariste-romancier Richard Di Lello imagine une histoire où un flic vétéran fait équipe avec un newbie aux méthodes musclées.
Le tout se déroulant sur fond de trafic de drogue dans la ville de Chicago.
L'acteur-réalisateur Dennis Hopper est rapidement intéressé par le concept et fait part de son intérêt au producteur Robert H. Solo.
Mais Hopper préfère se débarrasser et du trafic de drogue et de Chicago.
En effet, étant résident de Los Angeles, il voit la montée en puissance des différents gangs de rue, surtout les adversaires les plus connus que sont les Bloods (Red color) et les Crips (Blue color) qui se livrent une guerre sans merci et se partagent la Cité des Anges.
Il demande donc une réécriture à Michael Schiffer, qui va prendre en compte les envies du réalisateur.
Le film se titrera donc Colors , qui se réfèrent donc aux signes visuels d'appartenance à un quelconque gang, soit une couleur (gimmick repris plus tard dans GTA: San Andreas).
Une fois satisfait du scénario, il pense fortement à donner le rôle de Danny "Pac-Man" McGavin à son ami Mickey Rourke (le rôle a été écrit pour lui), mais lors de la pré-production en 1987, celui-ci est alors indisponible car pris sur plusieurs projets, dont A Prayer for the Dying et Barfly.
Hopper optera donc pour la nouvelle star montante Sean Penn (fils du réal Leo Penn), qui a déjà tourné dans une production Solo (Bad Boys), en 1982.
Le reste du casting est tout aussi intéressant:
-Robert Duvall (qui jouera un rôle similaire dans Falling Down, en 1992),
-la chanteuse et actrice Cubaine Maria Conchita Alonso (venant tout juste de terminer Running Man et Extreme Prejudice)
-Glenn Plummer (Showgirls),
-Don Cheadle (Traffic),
-et même deux "figurants de luxe" que sont Jack Nance (habitué de Lynch) et Seymour Cassell (habitué de Cassavetes).
Le tournage se déroule sans incident (enfin, si l'on excepte les gangstaz-bodyguard des acteurs se faisant tirer dessus, Penn qui démolit un mec qui le prend en photo sans lui demander...) et le film est prêt à temps, pour sortir le 15 Avril 1988.
Qu'en est-il du film, presque 30 ans plus tard?
Malgré 10.000 films ou séries qui ont plus ou moins traités de ce sujet, Colors tient toujours la route.
Pas de "super-héros" (fait rare dans les 80's, où pullulent les Stallone/Schwarzy ou même Gibson dans Lethal Weapon) dans ce long métrage.
Non, c'est juste une sorte de constat fataliste sur les streets-war qui noircissent les pages des journaux.
Les Bloods et les Crips se déchirent pour des histoires de territoires, des gangs annexes ramassent les miettes et les flics ne sont pas en mesure d'endiguer cet état de fait.
L'on saura gré au regretté Dennis Hopper d'avoir opté pour cette triste réalité, qui déclenchera toute une série de film sur les gangs et affiliés (New Jack City, Boy 'N The Hood, Menace II Society, pour les meilleurs représentants).
D'ailleurs, la réal de Hopper est carrée et sans aucune affèterie visuelle.
Il manque peut-être un grain de folie, mais comme dit plus haut, ce film est plus un constat qu'un film bling-bling ou rentre-dedans...
Sean Penn y est excellent et affine son jeu (son personnage de bad boy devient plus nuancé), Robert Duvall semble taillé pour son rôle (comme souvent) et Maria Conchita Alonso apporte une touche glamour exotique, mais pas cliché.
L'on pourrait reprocher au film de ne pas être très "féministe" (exceptée Alonso, les autres femmes présentes ne semblent être que des objets soumis au bout vouloir des mâles), mais c'est aussi un reflet de ce que la gent féminine est pour ces membres de gangs...
Là où le score d'Herbie Hancock botte en touche (on l'a connu plus inspiré), les titres de rap valent le détour (Ice-T, Rick James, Big Daddy Kane, Eric B. & Rakim...).
Colors va donc passer le cap des 30 ans sans avoir à rougir de quelconque manière !
Merci Dennis...
Citation
You see they hit us then we hit them
Then we hit them and they hit us, man
It's like a war, ya know what I'm sayin'
People don't even understand
They don't even know what they dealing with
You wanna get rid of the gangs it's gonna take a lotta work
But people don't understand the size of this
This is no joke man, this is real !
Citation
(Interlude du titre "Colors" by Ice-T).