L’attente, la promesse même, d’un thriller sec et ultra-violent mis en scène par Fabrice Du Welz, éclairé par Benoît Debie (directeur photo chez Noé et Winding Refn), écrit par Fathi Beddiar (ex de chez Mad movies) et emmené par un JoeyStarr en mode bad guy et toute une bande de "gueules" du cinéma français (Abkarian, Prestia, Basler, Braccini, Nahon…), soit une somme de talents spécialiste du cinéma à la testostérone et du rentre-dedans facial, tout ça donc faisait baver pas mal. Du Welz, qui renie en partie le film (production chaotique, mésentente avec Thomas Langmann, possible remontage, distribution bâclée par la Warner…), a tenté d’honorer au mieux cette commande empoisonnée, mais sans conviction (même s’il assure dans les scènes de fusillades). Sans fièvre, mais avec bonne volonté. Un semblant d’honneur.

La tripotée de polars made in France pas toujours (rarement) réussis (96 heures, MR 73, La proie, La marque des anges, Mea culpa, Les lyonnais, Gibraltar, Secret défense…), et qu’on dirait coulés dans un même moule depuis des années (images froides et désaturées, dialogues surécrits, acteurs interchangeables, interprétation limitée à des serrages de dents et des airs renfrognés…), paraît avoir définitivement enterré le genre, sapé toutes velléités de ras-le-bol et de renouveau. Vu le passif (Calvaire, Vinyan) et l’actif (Alléluia) du bonhomme, on attendait davantage de Du Welz qu’un simple condensé de ce qui a déjà été fait et refait (mais là encore, quel a été son vrai champ d’action par rapport aux sangsues que sont Langmann et la Warner ?). On espérait qu’il dépoussière tout ça (le moule). On espérait qu’il balance le reste (la tripotée). Qu’il innove, qu’il éparpille.

Idem pour Beddiar. Fin connaisseur de polars et de vigilante movies (il est l’auteur de Tolérance zéro, la justice expéditive au cinéma), on voulait plus qu’une vulgaire resucée de situations convenues (ambiances viriles, guerre des polices, machinations, ripoux…) que les acteurs ne parviennent jamais à doper (Lanvin en particulier, très mauvais) malgré l’âpre charisme de JoeyStarr et la ferveur candide d’Ymanol Perset. Il faut éventuellement beaucoup de tendresse et un minimum d’estime pour Du Welz (j’ai les deux) pour lui trouver des circonstances atténuantes sur Colt 45, et vouloir défendre aussi son cinéma qui se risque toujours à l’expérience et aux gémonies. Non, Colt 45 n’est pas le beau gâchis annoncé. Plutôt un joli revers.
mymp
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le 7 août 2014

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