Premier film de l'essayiste cinématographique Kogonada, Columbus est un récit où la rencontre de deux personnes aux sens moraux opposés va les inciter à l'introspection sur des thématiques de deuil et d'émancipation, notamment. Il se crée également une sorte de romance naturelle, artistique même, qui ne tombe pas dans les travers et la mièvrerie habituels. En effet, le film est très doux, sans conflits hurlés ni sursauts humoristiques forcés, et développe cette trame plus dramatique, à mesure que les personnages se confrontent à leur psyché, dans une ambiance cocooning sereine. La musique est également discrète, faite de vagues sonore enveloppantes. Le réalisateur puise de ses analyses des plus grands pour créer une scénographie liée à l'architecture de la ville. Les nombreux bâtiments/ouvrages captés le sont rendus évocateurs dans la façon dont ils surplombent la scène ou s'insèrent dans la nature. Ces édifices imposants, immuables, se parent alors d'une certaine délicatesse, malgré leurs lignes rigides. Il y a un réel art de la symétrie qui est mis en œuvre, autant dans le placement des acteurs que dans le cadrage de leur environnement personnalisé, et embelli par cette photographie naturelle aux jolies couleurs effacées.