... où cohabitent, rarement pour le meilleur & souvent pour le pire, police qui préfère en général laisser faire, politicards aussi véreux que vicieux, chefs de clan autant versatiles que lâches car bien souvent incapables d'assumer leurs choix court-termistes lorsqu'ils risquent de leur péter à la tronche &, bien sûr, hommes de main à la pelle, sacrifiables à merci justement pour ce genres d'occasions, dont la personnalité révèle sa vraie nature à mesure que la situation se corse & qu'ils se retrouvent acculés au pied du mur.
Chaque parrain utilise les outils que la nature lui a donné & certains d'entre eux fort mal lotis n'hésitent pas à jouer sur la corde sensible & le prétendu code d'honneur pour manipuler leurs propres hommes, faute d'avoir le charisme & l'autorité nécessaires.
De là à dire qu'ils sont tous aussi méprisables, bien sûr que non... & c'est bien ce qui pose problème aux gens "respectables" dont la vision du monde qui les entoure est souvent binaire.
Au passage, on peut dire que le parrain YAMAMORI & sa femme font vraiment la paire en matière de manipulation grossière... un vrai numéro de cirque à eux tous seuls ^^.
Koichi IIBOSHI & Kinji FUKASAKU décrivent un monde de petites & grosses magouilles né, dès la fin de la guerre, des décombres radioactifs d'un empire déchu où règnent désormais la pénurie généralisée (l'administration ricaine s'amusait à parler de rationnement), les bordels sordides, les bars faits de bric & de broc, & surtout les marchés clandestins, véritables centres névralgiques & objets de toutes les attentions & convoitises.
Un monde où une partie d'ex-soldats post-traumatisés par les horreurs de la guerre & la honte d'y avoir survécu, se sont regroupés faute d'emploi décent, dans un 1er temps, pour pouvoir survivre à un quotidien misérable &, par la suite, pour assouvir leur appétit matérialiste.
Ce n'est pas un hasard si l'histoire se déroule dans la région d'Hiroshima.
Beaucoup y verront juste un film de gangsters & de trahisons sur fond de code d'honneur frelaté là où j'y vois surtout une fresque sociétale sur ce double envers du décor qui souhaite s'inscrire dans une certaine réalité avec fidélité & sincérité, malgré quelques maladresses scénaristiques pardonnables & vite oubliées.
C'est d'ailleurs l'ambition clairement affichée de cette pentalogie de suivre sur 2 décennies le quotidien d'une région en proie à l'appétit vorace des clans de yakuzas, dans un va & vient permanent entre périodes de paix toute relative, quand chaque parrain & membre de clan estime avoir suffisamment à bouffer dans sa gamelle, & de guerres + ou - ouvertes, lorsque l'ambition de quelques-uns l'emporte sur tout le reste.
Ce 1er volet, dont l'histoire se déroule de 1946 à 1956, est l'occasion pour Bunta SUGAWARA aka Shozo HIRONO de débuter sa carrière de yakuza, nouer des contacts qui deviendront son principal atout par la suite, d'apprendre sur le tas & de ses erreurs.
Hormis ce personnage qui représente la figure idéaliste & loyale par excellence du yakuza, le récit s'attarde particulièrement sur 2 autres protagonistes à la personnalité intéressante, Hiroshi WAKASUGI en 1ère partie de film & Tetsuya SAKAI en 2nde partie, incarnés respectivement par les très convaincants Tatsuo UMEMIYA & Hiroki MATSUKATA.