Dernier film sélectionné en hors-compétition du Festival de Gérardmer, Come Out and Play n'en était pas moins un film relativement attendu, comme en a témoigné l'attente pour l'avant-première. Remake avoué des Révoltes de l'An 2000 et rappelant fortement Le Village des Damnés, cette histoire d'enfants hostiles aux adultes avait de quoi plaire au public de Gérardmer.
Je n'ai pas vu le film dont il est le remake, je ne pourrais donc pas juger la réadaptation mais apparemment l'original de 1976 est salué par la presse, Imdb/Allociné ou les spectateurs en général. Avant de scalper plus en profondeur le traitement du film, il convient de saluer le travail pluriel et intense de Makinov, chargé de la réalisation, scénarisation, production, édition et montage sonore. Rien que ça !
Come Out and Play présente quelques qualités et il y a fort à parier que son implication à différentes étapes du film a su donner une certaine visibilité du réalisateur auprès des studios pour d'éventuels prochains films car une telle implication dans l'élaboration d'un film indépendant est à saluer. Il règne dans ce film une ambiance de vacances infinies, le tout dans des décors paradisiaques en décalage avec le sujet malsain du film. L'ensemble ferait presque à penser au jeu vidéo Dead Island, en remplaçant les zombies par des enfants. Grâce à son implication dans le film, Makinov a pu réduire les frais salariales de son film et a donc eu la possibilité de s'adjuger les services de deux acteurs principaux : Ebon Moss-Bachrach (Le Sourire de Mona Lisa, Entre Deux rives) et la sublime Vinessa Shaw (Two Lovers, La Colline a des Yeux). Les deux interprètes principaux sont corrects dans leur jeu même s'il manque vraiment de l'épaisseur à leur personnage. Les défauts du film proviennent surtout de la symbolique grossière mise en avant. Ainsi, l'intrigue du film repose sur ces enfants possédés ou démoniaques ou aliens (?) qui tentent d'évincer tous les adultes en travers de leur chemin, sauf que sans cesse le réalisateur met en avant une symbolique pure et innocente autour de la figure de l'enfant, quand bien même ces derniers massacrent des innocents devant les yeux traumatisés des protagonistes. Par moment, le film tombe dans le grotesque avec des situations ridicules ou lourdes de sens, notamment sur l'hésitation totale de tuer un enfant quand bien même ce dernier est sur le point de tuer un personnage central. La relation du couple va d'ailleurs en pâtir et cette direction donne vraiment un non-sens à l'ensemble du récit. Le public de Gérardmer étant très animé par un esprit festif et jovial, la scène de fin a su combler les ardeurs d'un public venu assister à une sorte de défouloir sur l'enfance, dont le dénouement a tellement plu au public qu'ils se sont mis à applaudir le massacre d'un enfant. Une ambiance au doux parfum de joyeux bordel qui confère énormément de plaisir et laisse le souvenir d'un film plus appréciable dans de telles conditions. C'est dans cet esprit qu'il faut savoir prendre le film au second-degré à certains moments tant certaines situations ridicules font qu'il vaut mieux en rire, qu'en pleurer. Au-delà de ça, le film trouve quelques séquences bien senties et parfois inattendues qui donnent un certain souffle à l'intrigue.
Cependant, Come,out and Play ne va jamais plus loin que ce qui est attendu d'un remake. Aucune réelle prise de risque, une mise en scène correcte qui n'innove pas le genre, des acteurs qui agissent comme les pires clichés des films d'horreurs (malgré une interprétation louable). Et puis si la presse a salué le fait que le film conserve un aspect mystérieux et ne dévoile jamais rien de la cause de ces enfants, le manque d'explications et de réponses peut faire défaut. Dès le départ, les enfants sont atteints par ce mal qui consiste à tuer les adultes et contaminer les autres enfants en leur touchant l'épaule. Rien n'est éclaire autour de cette forme de contamination et ça en devient vite agaçant. Dans ce cas, n'importe quel film peut se prévaloir d'une originalité dans l'intrigue en ne dévoilant rien et en déclarant conserver un aspect mystérieux.
Par dessus l'ambiance de la projection, le film peut être vu de manière extrêmement prévisible. La fin est d'une lourdeur sans nom et des facilités scénaristiques pullulent dans le scénario (l’éviction d'un personnage, la manière dont ils fuient les enfants, ou le recours à un suspens miteux dont on sait très bien comment tout ça va finir) ce qui fait qu'on n'y croit jamais réellement et qu'on se sait en train d'assister à une série B médiocre.
Pas vraiment désastreux, ni même le pire film de Gérardmer mais très regrettable au vu du sujet et l'aspect fantastique qui aurait pu s'en dégager. Beaucoup espéraient assister à un nouveau Village des Damnés.
A noter que la salle était hilare pendant la lecture des sous-titres où les fautes réduisaient toute séquence dramatique à néant ("Il faut aller voire à l'hôtel" & "J'entend des vois"). Quelques applaudissements ont accompagnés le film à la fin de la projection, très certainement pour sa séquence finale car les discussions d'après-film étaient très médiocres.