"Coming apart" est une vraie curiosité. S'agissant d'un film "underground" américain de 1969, on pouvait s'attendre à une caméra virevoltante, des couleurs flashy, des fleurs dans les cheveux, du LSD, des discours enflammés contre la guerre du Vietnam sur fond de musiques psychédéliques. Et bien pas du tout !! Avec un noir et blanc des plus austères, le film est une succession de petites séquences en plans fixes "volées" par une camera dissimulée dans un meuble. Non, "Caméra café" n'avait rien inventé. Dans sa forme, le film nous fait un peu penser à "Ma nuit chez Maud" de Rohmer mais sans les discours pénibles sur Pascal, Saint Augustin et le marxisme. Car l'unique préoccupation .du personnage central, psychiatre/psychanalyste et grand mytho, n'est pas de découvrir l'inconscient de ses patientes mais plutôt le corps nu de ses clientes. Avec une dizaine d'années d'avance sur les bons films avec Christian Clavier ("Je vais craquer", "les babas cools"), le personnage central joue l' intello compréhensif pour parvenir rapidement à ses fins. Il y a une vérité dans les situations vécues par le psychiatre, notamment lorsqu'il se retrouve un peu dépassé par les pratiques sexuelles d'une de ses partenaires. L'étrangeté de ce film vient du fait qu'en pleine époque de libération sexuelle et de grands idéaux, il présente les hommes comme des obsédés cyniques (ce qui ne semble pas faux) et les femmes comme des hystériques maladivement crédules. Déjà le monde désenchanté.