Comme des frères par GeorgesBiard
S'il est un film qu'on pourrait qualifier de vrai coup de coeur en cette année 2012 c'est bien ce film, magnifique comédie dramatique, aigre-douce, beau conte sur l'amitié qui nous bouleverse, nous émeut, nous fait rire beaucoup aussi, qui nous enveloppe de sa belle musique (B.O. superbe de Revolver) mais aussi et surtout de sa petite musique interne, mélancolique, mais une mélancolie ne versant jamais dans le pathos, même si on a souvent les larmes aux yeux, car toujours portée par la vie et la joie de vivre, et on est sous le charme.
Car même si le fonds grave du scénario, la perte douloureuse et injuste de l'amie et amante, pourrait peser, la légèreté et l'atmosphère pleine d'espoir et de fantaisie du film l'emporte, grâce surtout à une belle tonalité rythmée par des situations et des dialogues épatants, avec des répliques déjà cultes, où l'humour prend toujours le dessus sur la tristesse, comme pour mieux exorciser le terrible chagrin de ces trois personnages, à l'image des cendres dans le sac à dos d'enfant.
Road-movie, road-trip de trois hommes, à 3 âges de la vie, réunis par la douleur de la perte de l'être aimé(e), le film dégage une belle sincérité remplie d'humanité qui nous fait nous attacher aux personnages, débordant de sensibilité et de tendresse, rythmée par l'évolution et le rapprochement des trois, avec la belle idée des flashs-backs à rebours sur leur connaissance et leur fugaces et charmants moments de vie partagée avec Charlie, tous voyageant avec son souvenir si présent, à la fois si joyeux et si cruel.
Mais ce film de potes est surtout un superbe film d'acteurs, un vrai plaisir de comédiens, un beau trio, quatuor même car Mélanie Thierry, en flashs-backs émouvants, apporte sa fraicheur magnifique et déploie un beau mélange de douceur et de douleur, mais restons un instant sur ces 3 comédiens masculins auxquels on s'attache d'emblée: François-Xavier Demaison a rarement été aussi émouvant, d'une belle sobriété, Nicolas Devauchelle confirme qu'il murit de mieux en mieux, apportant ici en plus de son grand pouvoir d'émotion une nature comique étonnante, mais c'est surtout Pierre Niney qui confirme ici son talent prometteur et explose littéralement, il est exceptionnel de charisme, de présence lumineuse, de naturel confondant, en post-ado un peu lunaire, à tour de rôle drôle et touchant, à l'image de la scène où, en voiture, il reconnait la chanson "Shame on you" lui rappelant Charlie, la caméra zoomant doucement sur son visage qui se transforme peu à peu, bouleversé, il nous bouleverse et nous arrache des larmes.Du grand art.Les César devraient une nouvelle fois le nommer et surtout ne pas rater cet acteur à la fois original et charmant.
Grâce à de l'émotion et de l' humour excellement bien intégrés dans le scénario, on en ressort avec sourires et larmes mêlés, ce premier film d'Hugo Gélin (qu'on devrait retrouver aux César) est un vrai coup de maître, d' apparence classique et simple certes mais toujours très maîtrisé, tout en dégageant une belle et bouleversante sincérité portée par des acteurs unis dans une belle complicité, la comédie dramatique de cette fin d'année, le genre de film qui fait du bien et qu'on a envie de revoir.Une vraie petite perle qui fait honneur au cinéma français.
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