Le réalisateur Thomas Sieben a sans doute voulu faire un remake teuton de "Délivrance".
Certes, la Forêt Noire ne manque pas de charme en automne, et le directeur de la photo a parfois été inspiré pour ce film au budget d'un téléfilm. Mais les "éloges" s'arrêtent là.
La réalisation et le scénario souffrent d'un manque flagrant d'inspiration et d'un amateurisme navrant.
Le scénario d'abord. Deux histoires maladroitement entremêlées, pour tenter de donner plus d'épaisseur à ce thriller-fait divers bien plat. Malheureusement, au bout du compte, un plus un égal zéro. Le scénariste (Thomas Sieben toujours), aurait mieux fait de polir davantage une histoire unique, et de lui donner du sens, voire une morale.
De l'aveu même des protagonistes dans un dialogue au milieu du film :
"- Cette histoire n'a pas de sens !
- Pourquoi faut-il qu'elle ait un sens ?"
La réalisation, ensuite. Certes, le film arrive parfois à tenir le spectateur avec un peu de suspens, mais certaines scènes et situations frisent le ridicule. Les personnages principaux sont parfois agaçants, parfois, ils laissent le spectateur totalement indifférent. Égratignures stupides, chevilles tordues maladroitement, pleurnicheries et vociférations rythment cette course poursuite qui épuise surtout le public.
Le mystérieux tireur apparait et disparait quand le scénario a besoin d'un peu d'adrénaline, en se moquant de toute vraisemblance. Le montage n'arrive pas à venir au secours de l'ensemble avec une temporalité floue, rythmée par une course chaotique du soleil. Cette journée n'en fini pas de passer du matin au soir et du soir au matin... Effectivement, il doit être difficile de s'orienter dans ces conditions pour nos malheureuses proies... D'ailleurs, dès le début du film, leur guide indique un sud-ouest bien improbable par rapport au soleil.
La scène de fin aurait presque pu faire pardonner le reste du film, mais là encore, on reste sur sa "fin"... Sans explication réelle, l'électro-encéphalogramme du spectateur reste plat, et le spectacle n'inspire que de la vacuité.
Pour les acteurs, on ne retiendra qu'une prestation juste honnête de David Kross qui fait ce qu'il peut dans une histoire aussi médiocre. On s'efforcera d'oublier bien vite le reste du casting.
"The North Face" regrettera aussi peut-être son placement de produit et les jolies doudounes fournies...