Joël Séria fait partie de cette famille de réalisateurs qui sont véritablement d'utilité publique même (surtout?) 40 ans après! Cette société actuelle où on ne peut plus rien dire sur rien (ou presque) commence à sérieusement vous les briser menues! Pas de panique, posez-vous 90 mn, tranquille, et matez un Séria! Que ce soit le mythique Les Galettes de Pont-Aven ou encore le trop injustement méconnu Charlie et ses deux nénettes en passant donc par ce ...comme la lune, cela vous fera le plus grand bien!!!
Alors bien sûr, sous le prisme de notre société actuelle, ce dernier, comme les deux autres, sera probablement taxé de beaufitude crasse couplée à une misogynie dégueulasse, le tout enrobé d'un gros soupçon de poujadisme (oui, on s'embarrasse plus de juste mesure à notre époque...) et ne risquerait pas de passer sur les grandes chaînes à la télévision! D'ailleurs, comme nombre de films de la même veine, celui-ci n'y passe pas... (il ne reste que les Blier qui ont "l'honneur" d'être visible à l'heure actuelle)!
Alors, comme à son habitude, Séria place son histoire dans la France profonde, celle des représentants de commerce et des artisans, (cette France profonde si souvent idéalisée et mythifiée de nos jours, comme si il n'y avait aucuns problèmes à cette époque; bein ouais, c'était teeeeeellement mieux avant!), en suivant les aventures de Roger Pouplard, réparateur de frigo de son état et, après avoir quitté femme et enfant, actuellement à la bonne avec Nadia, jeune et jolie bouchère...Pour incarner Roger, qui d'autre que la moustache la plus truculente du cinéma français, l'excellent Jean-Pierre Marielle, qui comme d'habitude se contente de faire du Marielle, mais il le fait tellement bien! Pour l'accompagner, dans un rôle à la Mireille Darc, une certaine Sophie Daumier très efficace malgré les prémices de sa terrible maladie qui accélèrera malheureusement sa fin de carrière! On a là un duo qui fonctionne impeccablement!
Pour le reste, histoires de fesse et langage fleuri bien souvent en dessous du niveau de la ceinture! Alors c'est vrai qu'en cette période de Me Too exacerbé, la façon dont Roger et ses compères parlent de la gent féminine n'est pas des plus classieux et distingué, mais il faudrait pas oublier non plus que Séria nous fait le portrait d'un con, un sublime con, certes, mais tout sublime qu'il est ça reste un con! Un con qui en plus finit comme l'arroseur arrosé, alors bon... (C'était tellement libre dans les 70's que Séria voulait appeler son film Le grand con, résultat, censuré! Con comme la lune ? Censuré aussi...)
Le cinéaste continue donc ici son cinéma de la bonne franquette sans, comme à son habitude, s'embarrasser des bonnes manières, et c'est tellement jouissif et divertissant! Un sacré bol d'air qui devrait être préconisé par la Sécu et il va être temps de réhabilité cet excellent cinéaste et le considérer enfin à sa juste valeur!
Pour finir, comme c'est encore le cinéaste qui parle le mieux de son film, donnons lui la parole (entretien réalisé par CinéComédie, 19mn)
https://www.youtube.com/watch?v=ihkWEdw41jE