Pas raté. Juste impensable en 2010. Comment peut-on encore accumuler autant de clichés, de dialogues balourds et d'astuces scénaristiques à peine dignes des mauvaises séries B des années 80. Surement le réalisateur/scénariste/producteur (qui ne peut donc se cacher derrière personne) y est resté coincé, pensant encore qu'on dirige les acteurs au tractopelle en leur refilant des dialogues qui, quand ils ne sont pas juste pathétiques, ont déjà été entendus ailleurs.
Rien ne tient la route, à commencer par le jeu de Patrick Bruel, grotesque en shalala jaloux. Forcément, comme le film repose sur lui comme le prouvent l'énorme placement produit Winamax et la scène où il joue aux échecs avec son fils (deux jeux que le gros quinqua apprécie particulièrement dans la vie), l'entreprise devient délicate. Le salut ne vient pas non plus du pauvre Pascal Elbé (que j'aime beaucoup au demeurant) qui est coincé dans un rôle de petit commerçant faible qui cherche dans la religion un salut, Vincent Elbaz n'est vraiment pas un bon voyou (il n'est plus à son coup d'essai et ça tombe toujours un peu à coté) et les autres font de la figuration (et quand se débarrassera-t-on de l'image du prof en veste en velours marron ? On se serait cru dans "Le pari).
Un autre problème : Arcady ne tient pas ses histoires, en lance sans les finir, s'en sort avec une pirouette en voix off ou rate complètement son essai (la relation Bruel/Elbaz)... Lamentable. Surtout au regard de certains de ses films qui s'étaient montrés un peu plus subtiles. Pour la subtilité, on repassera : chaque frère a pour but de donner une vision pseudo exhaustive de l'évolution de jeunes juifs dans la société française actuelle (du pratiquant au voyou en passant par l'athée et le désintéressé), Arcady aborde encore et toujours le problème judéo-musulman (où cette fois le message "d'espoir" passe par une association le temps d'un deal d'armes, brillant... comme Dany) mais n'a plus rien à dire de plus.
Et ce n'est pas la forme qui rattrapera la sauce, on passe la 2ème heure du film à secouer la tête devant l'enchaînement de dialogues nuls et de situations incompréhensibles : le retour du fils prodigue une balle dans le buffet, livide, transpirant devant la synagogue le jour du Kippour et qui ne trouve rien d'autre à dire que "ça va, ça va" (mouahaha), le recyclage éhonté de situations et vannes tirés de "La vérité si je mens" (Arcady doit être ami intime avec Arthur) et le changement de comportement des frangins absolument tombé du ciel.
C'est moche de voir un réalisateur qui avait un petit quelque chose en plus il y a quelques années devenir un ringard total. ça marche aussi pour Bruel.