La première fois que j’ai vu ce film, je devais avoir dix ans et j’ai pleuré en plein milieu de ce dernier. Presque 10 ans plus tard, les larmes ne sont plus présentes mais le ressenti n’en reste pas moins différent. Il est difficile de ne pas être touché par ce que nous propose Comme un lion.
Ce long-métrage traite de l’une des dérives les plus célèbres du football en Afrique : les fausses promesses de contrat pro en Europe. Bien que ce problème ne touche que très peu de personnes , le réalisateur s’en sert également afin de parler de la situation d’une grande partie des immigrés africains en France.
On y suit le quotidien français de Mitri, un footballeur avide de rêve. Celui-ci a vite dû se débarrasser de son sourire d’enfant afin d’affronter la triste réalité à laquelle font face ces jeunes adultes abusés par de faux agents. Ce film dépeint la misère et la solitude que vivent ces derniers.
Compliqué de ne pas être pris d’empathie ou même de relativiser sur sa propre situation lorsque l’on voit l’antagoniste endurer toutes ces épreuves. Le réalisateur réussit alors très bien à émouvoir le spectateur et ce, sans chercher à apitoyer à tout prix comme dans Le tombeau des lucioles par exemple (film surcoté NDLR).
Il réussit cette mission notamment grâce à une presque justesse dans les situations que vit l’acteur principale. Par ailleurs, ce dernier nous marque plus de par sa sincérité et son interprétation que de par son jeu d’acteur. Le choix de ne pas avoir choisi un acteur professionnel s’est avéré très judicieux. On en vient même à soupçonner cette œuvre d’être un documentaire biographique tellement le rôle est incarné à merveille.
La fin, cependant, nous rappelle bel et bien que ce film est une fiction. C’est un des seuls reproche que j’ai à faire à cette œuvre. Cet happy-ending peut être perçu comme nécessaire à la vue de toute la tristesse que le spectateur a éprouvée ou encore afin parachever la quête de bonheur de l’entraineur. Néanmoins, faire en sorte que le personnage réussisse à devenir professionnel peut être perçu comme une dédramatisation de ce problème. La réalité est tout autre et nettement moins belle. La plupart des joueurs escroqués finissent par vivre une vie de misère en France, par honte de rentrer dans leur pays avec l’échec en guise de bagage (situation évoqué au cours du film ceci-dit).
J’aimerais aussi souligner le fait que malgré la beauté des péripéties que brave Mitri, ces dernières restent assez irréalistes. Même si le personnage est motivé et veux atteindre ce rêve de devenir professionnel, force est de constater que les opportunités qui s’offrent à lui n’existent presque pas dans la « vrai vie ». N’importe qui connaissant un minimum le circuit du football pro sait que devenir professionnel reste compliqué et que le culot ne suffit pas (à quelques exceptions près, S/O Ali Dia) pour y arriver. Le réalisateur devait cependant faire un choix. Il a opté, comme je l’ai dit plus haut, pour une fin heureuse. Ici et comme pour plein d’autre films, l’adaptation du football au cinéma est réussie sur le plan des valeurs que ce sport véhicule. Elle l’est beaucoup moins sur l’aspect sportive et organisationnel. *
Enfin, la manière dont l’islam est représenté dans le film me dérange. Je suis évidemment content de voir à l’écran le personnage faire ses ablutions et sa prière ou d’entendre l’adhan retentir dans une village du Sénégal. Néanmoins, voir la grand-mère donner une amulette de protection à son petit fils ou voir ce dernier, lors d’un cours à la madrassa, avoir une photo de CR7 dans son coran (comme si c’était un vulgaire manuel scolaire) me dérange vraiment. Et ce, même si l’islam n’est pas un élément centrale du film et est évoquée car elle fait partie intégrante de la vie de Mitri. Malgré la volonté de bien faire du réalisateur, évoquer un tel sujet en étant juste n’est pas chose aisée pour une personne peu renseignée sur ce domaine. De plus lorsque cela n’est pas assez maitrisé et conduit à des erreurs aussi importantes (pouvant altérer l’expérience des spectateurs averti sur le sujet).
Dans une de mes review, j’évoquais le fait que Slalom représentait le cinéma français sous plusieurs de ses pires facettes. Comme un lion lui, en est un bon représentant. Ce film est profond et touchant tout en étant vréel. A l’heure où le cinéma peut être résumé à un concours du film le plus complexe, ce métrage rappelle à quel point une idée simple mais bien exécuté suffit pour marquer les spectateurs.