Comme un torrent par Alligator
Décidément, Vincente Minelli est un très grand cinéaste, à n'en pas douter! Le peu que j'ai vu déjà (trois ou quatre films) m'impressionne grandement déjà.
Ce film au format cinémascope mérite bien ces nominations aux oscars.
S'il me fallait déceler un film où Sinatra m'a le plus surpris par sa finesse de jeu c'est bien celui-là. Tout en retenue, il joue un écrivain, déprimé et alcoolo... et ce sans verser dans le facile, dans les effets que bien d'autres n'auraient pas manquer de placer ici ou là. Vraiment étonnant d'authenticité et d'exactitude, tout en légèreté et finesse. Chapeau.
Dean Martin cabotine, mais avec élégance, ce qui ne manque pas de lui mettre le spectateur dans la poche. très vite, il devient un personnage attachant, familier pour tout dire.
Celui de Shirley MacLaine l'est beaucoup plus car elle apporte un souffle de naïveté et de délicatesse, avant d'offrir à la trame une dose de tragique, dans la passion et le dévouement.
On n'en dira pas autant de l'autre face de l'humanité que Minnelli filme avec peut-être un peu moins de bonheur. Arthur Kennedy faisant exception, Martha Hyer, Leora Dana et Nancy Gates ne font pas gage d'une précision toujours valorisante dans leur jeu (surtout les deux dernières peu naturelles).
La plupart des plans sont sobres, mesurés, souvent larges. Peu de coupes : les acteurs sont au centre du dispositif, très théâtral finalement. Cependant certaines séquences échappent à cet ordinaire efficace pour se placer sous le sceau de l'ingéniosité, voire le beau tout simplement. Et l'on décèle dans le pli du récit les talents et l'intelligence de la réalisation. Le cinémascope, les jeux de couleurs et de lumières montrent une belle complicité entre le réalisateur et le chef opérateur.
Beau travail d'équipe également avec le sublime accompagnement musical de Bernstein.
Le film gratifie le spectateur d'un spectacle qui sous des airs simples évoque le grandiose des sentiments, la difficulté d'être, par rapport à soi même mais bien plus par rapport au rôle que la société veut bien nous adjoindre. Quand les êtres humains ne sont que des personnages dans un jeu de dupes.