Grandir dans une ville moyenne de province, essayer d’y percer, dans le rap et dans la vie, voilà le thème de prédilection du rappeur Orelsan, qui enfile la casquette de réalisateur pour Comment c’est loin. Avec des images loin d’être parfaites mais qui restent toujours justes, le film raconte, dans un détachement presque documentaire, l’ennui. Parce que tout semble partir de là, de deux pauvres gars qui s’ennuient. On s’attendait à un film sur la passion musicale à la Whiplash, sur le travail acharné pour devenir un artiste comme on en a mangé des dizaines. Mais là, non. Le scénario se concentre sur la motivation, envolée certes, mais jamais perdue.
Si les performances d’acteur d’Orelsan peuvent paraître maladroites, elles se calent parfaitement à son personnage, le même que dans Bloqué, d’une naïveté touchante, l’à côté de la plaque convenant ici parfaitement. Gringe, plus réaliste, plus terre-à-terre, se fond lui aussi très bien dans son personnage. Seule ombre au tableau, quelque scènes dans lesquelles la volonté de faire croquer les potes se fait sentir. Mais bon, c'est un petit peu l'âme du film.
Loin de la destruction créatrice, d’une histoire d’amour pour la musique ou encore de la quête d’inspiration, c’est bien l’ennui qui dirige les vies de nos protagonistes, accompagné de la légendaire flemme, jamais bien loin. Rien de bien surprenant lorsque l’on connait Orelsan, dont les albums solo ont toujours transpiré de ces thèmes, saupoudrés de perte de repère et de déprime du dimanche soir.