Comment c'est dur de ne pas aimer un tel film! En tant que fan des Casseurs Flowters, la perspective de voir les deux artistes sur grand écran, là où on ne les attendait pas du tout, relevait franchement de l'appréhension. Il faut dire que le 7ème art, c'est tout de même un domaine royal, avec ses codes, son exigence, et surtout c'est énormément de boulot. Un professionnalisme qu'on ne connaît évidemment chez Orel et Gringe, du coup la question était là: Vont-ils trahir leurs principes, leur identité sur ce film?
Quelques minutes supplémentaires n'auraient pas été de trop dans ce film qui ne s'arrête jamais, dépassant les scènes intéressantes et prenant son temps sur d'autres évitables. La vanne sur les sms échangés entre les deux protagonistes traîne en longueur par exemple, et on aurait aimé en savoir davantage sur l'entourage de ces derniers, sur la conclusion à tout ça. Voir également plus de lieux, certes c'est Caen... mais chaque endroit montré dans le film est très bien personnifié, en particulier grâce aux musiques et personnages rattachés (Le Wondercash, le gérant d'hôtel vieille école...), c'est forcément dommage de pas en avoir plus.
Vous l'aurez compris, les rares remarques que je puisse souligner sur Comment c'est loin, c'est le fait de ne pas en avoir eu assez. Car le film est une excellente surprise pour le reste, et une vraie réussite! C'est simple, l'univers flemmard et déconnecté des deux paumés sociaux est parfaitement retranscrit, d'abord grâce à un casting simple mais juste humain et réaliste, dans lequel tout un chacun peut s'identifier (Bouteille et ses aléas sont un cliché facile mais qui existent encore bien trop de nos jours...). L'humour est absolument parfait, c'est dans la veine de ce que le duo nous propose en général dans ses musiques et clips, voire mieux, c'était peut-être presque logique de les voir s'amuser dans une comédie. Et puis, quelle bande originale! Les musiques sont toutes parfaitement placées, accompagnent le spectateur dans les phases moins rapides pour ne pas le perdre en route et rythment l'infernal challenge qui se pose aux deux rappeurs, à savoir poser un son en 24 heures.
Le scénario paraît peu recherché de prime abord, il est surtout sans prise de tête, à l'image de ce que sont les protagonistes. Et surtout, le film ne fait quasiment jamais de faute, son univers, son humour, ses personnages, tout est cohérent et parvient à transporter le spectateur dans sa bulle d'handicapés sociaux. Imaginez une histoire sur deux rappeurs flemmards, incapables de s'assumer, en pleine Normandie, c'est délirant et pourtant le résultat final est attachant, porteur d'espoir et drôle. Un magnifique pari pas assez reconnu dans le cinéma français