C'est peu dire que Django Unchained avait été énormément plébiscité au moment de sa sortie sur le plan critique. Et rappelé une fois encore que Tarantino est un des meilleurs dans son domaine. Du moins, c'est ce qui était ressorti car je n'avais jamais pris le temps de regarder ce film presque iconique pour beaucoup, jusqu'à très récemment. C'est d'ailleurs compliqué de regarder une oeuvre précédée d'une réputation, qu'elle soit flatteuse ou non, car cela peut influencer notre point de vue sur celle-ci
En l'occurrence, il n'y a jamais eu ce problème pour ce film qui est le digne descendant des grands films de western du cinéma. Mêlant audace, humour, immense casting et engagement autour d'une grande histoire, il est très difficile de ressortir déçu d'un tel film à l'exception, et seule sa fin pourra prêter à débat. Autrement, l'oeuvre proposée ici aborde enfin un thème puissant dans ce type de films: L'esclavagisme. Même si on cherche à offrir une fin plutôt badass au film, typique de Tarantino, l'ensemble de l'oeuvre met en relief le douloureux passé de l'esclavagisme. Certes, les personnages sont assez manichéens ici, entre Jamie Foxx qui devient un esclave nègre tueur à gages ce qui reste difficile à imaginer, Waltz et son côté paternaliste ainsi que Di Caprio, lui aussi très ouvert pour le contexte de l'époque. Mais jamais la brutalité de l'esclavagisme n'est passée sous silence, et l'aspect odieux de celui-ci est concrétisée par le rôle génial de Samuel L.Jackson, majordome, homme de confiance de Leonardo et pourtant toujours esclave de celui-ci. Imaginer que celui-ci, dans sa servitude, se méfie d'un autre homme de couleur jusqu'à le rabaisser tel un esclavagiste blanc, et le voir aller presque plus loin dans la sévérité que son propre maître, c'est comprendre qu'une telle hiérarchie entre races fut aussi ancrée dans les mentalités collectives.
Le casting est de ce fait génial comme souligné au-dessus, l'image et la bande-son portent à merveille un western qui va, comme toujours, proposer un véritable duel en guise de finish.
En l'occurrence, l'esclavagiste face aux tueurs à gage, et la rencontre des trois dans la vaste propriété de Di Caprio est particulièrement intense, notamment lors du repas avec la révélation de la supercherie. J'en viens ainsi à la fin de l'oeuvre, que j'ai plutôt appréciée pour ma part: La défaite de Waltz est très lourde à digérer pour lui qui parvient toujours à tromper ses interlocuteurs et à profiter des moindres failles pour se faufiler. Si difficile à avaler qu'elle va lui coûter la vie lorsqu'il va libérer sa frustration sur son rival, occasionnant un gunfight monumental. Peut-être un peu trop tant le rapport de force était déséquilibré, et certains s'étonneront de ce quasi-suicide d'un personnage pourtant si éloquent, toujours à l'aise sous la pression. D'autre part, il peut être difficile d'imaginer Django survivre dans un tel carnage, mais cela permet de terminer le film sur une note moins grave, un parti pris du réalisateur loin d'être forcément déplaisant. Django Unchained apparaît ainsi comme le véritable successeur des westerns à l'ancienne, s'appuyant sur une formule traditionnelle remasterisée à la sauce années 2010. Une aventure passionnante pour un film déchaîné sur tous les points de son humour (Notamment le passage sur le KKK) à sa violence (Verbale et physique).