Le dernier Tarantino est un film des plus sucrés. Sucré avec tous ces accents chantants ; ce Sud pré-Civil War aux relents de southern gothic, aux plantations garnies de belles demeures ornées de pompeux frontons néo-grecs et leurs maîtres impitoyables portant des vestons chamarrés qui, à l'instar des personnages de Faulkner, attribuent des noms classiques à leurs esclaves sans vraiment en connaître la signification.
Surtout, la langue mielleuse de Christoph Waltz — nominé pour l'Oscar du meilleur second rôle, au détriment de Di Caprio — enrobe une grande partie du film. Sans toutefois oublier le détestable personnage éclopé de Samuel L. Jackson, un Jamie Foxx qui sans éclater parvient à en imposer assez pour jouer le Sigfried cow-boy au costume bleu flamboyant.
Plein de glucose également avec tous ces paysages colorés des Etats-Unis, allant des bleus crémeux de montagnes glacées aux oranges acidulés de Candyland ; avec ces mouvements d'une caméra qui virevolte en plans tranchés tandis que les dialogues fusent autant que les balles et que gicle à gros bouillons un sang tomate donnant plutôt faim que la nausée. Ces images baroques, confites, confinant souvent à un burlesque assumé sont portées par une riche bande originale qui alterne elle aussi les colorations, entre classiques (et même un inédit, le poignant 'Ancora Qui') du maître Ennio Morricone, rap contemporain ou bien voix suave d'Elayna Boynton.
Comme toujours, une intrigue des plus simples, une histoire de princesse à sauver et de vengeance à accomplir, agrémentée de diverses fioritures et ornementations. Tout pour satisfaire le spectateur friand du genre Spagetthi, avec fusillades, chevauchées, explosions, héros chapeautés qui posent à cheval dans la poussière ou la fumée. On notera ainsi sans surprise aucune de nombreux clins d'œil au genre Western qui, un peu à l'instar des frères Coen avant No Country for Old Men, faisait déjà irruption dans les précédents Tarantino et innervait une belle part de son travail. Egalement tout pour satisfaire le cinéaste et son goût inaliénable pour les longs dialogues qui cinglent, appuyés par les élocutions contrastées de ses personnages, une violence graphique très pulp, saupoudré d'un humour décalé le plus souvent grotesque.
Django Unchained est ainsi à prendre pour ce qu'il est : une grosse, appétissante, débordante friandise avec la haute montée du "sugar rush" qui s'en suit immédiatement. Il faut ne pas néanmoins oublier que dans sa dernière partie le rythme, épuisé, redescend quelque peu et qu'à trop se goinfrer de confiseries la crise de foie n'est jamais très loin.