Orelsan est un mec plutôt sympa, une carrière musicale dans le rap, plus éloigné des thèmes du rap évoquant les problèmes sociaux pour se recentrer sur son image de loser qui rappe en Normandie, le bonhomme s'est mis en tête d'adapter lui-même un de ces albums au cinéma, en duo avec Gringe son compère du duo Casseurs Flowters dans Comment c'est Loin.
Certains réalisateurs français s'inspirent plus des codes de cinéma à l'américaine pour dynamiser leur film et les rendre attirant. Orel' arrive avec Comment C'est Loin à garder un style et un rythme très simples et efficaces, sans tomber dans les écueils d'un genre en particulier. Entre buddy movie et comédie musicale, le duo de rappeurs arrive à nous raconter une histoire de déprime à cause du syndrome de la feuille blanche et de problèmes personnels, sans faire dans le cliché ou dans le mélodrame trop appuyé et forcé. Le film ne dure pas plus d'une heure et demi, et une seule minute de plus aurait pu gâcher l'ensemble, mais c'est mal connaitre le sens du rythme du musicien.
Un ensemble concis donc, où le casting fait son boulot à merveille, les deux rappeurs incarnant les personnages dont ils content les histoires depuis un moment sur leurs albums : deux trentenaires fan de procrastination, chaque personnage secondaire remplissant une fonction spécifique pour donner une impulsion aux deux acteurs principaux, qui va les propulser en avant ou les faire s'enfoncer de plus en plus, mais toujours dans un enchaînements d'émotions d'une grande sincérité, aussi bien de la part des protagonistes principaux que des seconds rôles. On notera aussi un humour parfois plus subtil qu'il n'y parait, aux références recherchées et qui donnent un grand sourire qui reviendra à plusieurs moments du métrage.
Une émotion également transportée par les chansons très bien écrites et bien dans le contexte, empêchant le moindre soupçon d'ennui de naître dans notre esprit. Si l'on cherchait à reprocher des choses à Comment C'est Loin, ce serait probablement d'un point de vue musical, de se raccrocher à un thème qui commence peut-être à devenir récurent chez Orelsan, de manquer d'audace dans l'écriture pour les mêmes raison, mais c'est surtout pour pinailler et rappeler que rien n'est parfaitement parfait. Néanmoins, c'est une de ces curiosités qu'on voit passer de temps en temps dans le paysage cinématographique et qui donne un argument en plus lorsque l'on dit que le cinéma français, ça craint.
De : La Grotte de Kuro