Dans les années 1990, « Clerks » sacralisait l’inaboutissement et l’oisiveté. Ses héros n’avaient aucune considération pour aucune forme de travail, méprisaient le client comme les interdits, préférant s’épancher longuement sur ce qui relève habituellement de l’anecdotique. En noir et blanc, vissé à l’irrévérence, Kevin Smith signait un petit film indépendant fleurant bon l’insolence et la liberté, situé quelque part entre l’adolescence et l’âge adulte.
Orelsan semble lui emboîter le pas vingt ans plus tard : il met en scène des héros incapables de donner un sens à leur vie, rêvant de musique mais se montrant tellement déstructurés qu’ils ne parviennent même pas à finir un morceau. Un film de potes, très centré sur l’amitié qui unit les deux personnages principaux, et abordant lui aussi le thème de la transition douloureuse entre la vie d’ado et la vie d’adulte.
C’est souvent amusant, plutôt bien rythmé, et ô combien attachant. Dans un paysage cinématographique français souvent morose, Orelsan réalise un film qui s’apparente à un vent de fraîcheur, moins irrévérencieux que le « Clerks » de Kevin Smith, mais aussi léger et aigre-doux que lui. Une belle réussite, surtout pour un premier essai.