"Shining" est typiquement le genre de film qui vous marque au fer rouge. Avec une bande-son diabolique et des plans-séquences interminables, Kubrick nous emmène aux portes d'une folie collective personnifiée par la gouaille inquiétante d'un Jack Nicholson au sommet de son art.
La famille Torrance se trouve chargée du gardiennage de l'Overlook, un hôtel surplombant les montagnes rocheuses du Colorado. Là-bas, une fois familiarisée avec les lieux, elle va se livrer à un étonnant jeu de massacre, initié par Jack, père de famille alcoolique et paranoïaque, par ailleurs écrivain fauché atteint du syndrome de la page blanche.
En proie à la folie et aux hallucinations, Jack ne va pas tarder à rencontrer les esprits qui hantent le palace. Chacune de ces incursions dans cette réalité parallèle l'enfonce un peu plus dans ses névroses et le rend encore davantage dangereux et incontrôlable.
Alors qu'il consent à s'éloigner du bouquin de Stephen King, Stanley Kubrick laisse progressivement monter la tension, faisant de chaque scène un enjeu dramatique capital. Le puzzle scénaristique se reconstitue peu à peu et la famille Torrance n'en finit plus de se disloquer, pour ne plus représenter au final qu'une somme de personnages torturés, sans attaches ni repères.
C'est le moment que choisit le cinéaste américain pour opérer son fameux climax, dans la scène de l'escalier d'abord, puis ensuite dans la seconde séquence du labyrinthe, toutes deux impressionnantes de maîtrise et de virtuosité. C'est là que le récit joue les derniers accords d'une partition sans fausse note.
Après la science-fiction, l'anticipation ou encore le film historique, Kubrick prouve une fois encore qu'i est capable de dompter n'importe quel genre avec une aisance presque irritante.