How Do You Know (Comment Savoir en VF) est, sans surprise, un film incompris. Gros bide aux États-Unis, 3 semaines à l’affiche en France, cette pépite est complètement passée au dessus de la tête du public et d’une grande partie de la critique.
C’est rageant de voir qu’une comédie romantique aussi intelligente, fine, légère, drôle, incroyablement bien écrite ne fera jamais le poids face à une idiotie générique et vaine comme (insérer n’importe quel titre de “comédie romantique” avec Matthew McConaughey, Jennifer Lopez ou un casting choral de star à la mode ici) par exemple.
Le problème de ce film est peut être son impossibilité à rentrer dans une case. Il a les bases d’une comédie romantique, mais va bien au delà. Sorti du cerveau du génial James L. Brooks (co-créateur des Simpson, réalisateur des déjà excellent As Good As It Gets, Spanglish…), le film pose la question, commune dans l’œuvre de Brooks, de “comment savoir” ? Comment savoir que l’on est amoureux, mais surtout comment savoir que l’on a atteint le bonheur. “Is it as good as it gets ?” se demandait déjà le personnage de Nicholson dans le film du même nom. Ses personnages sont en quête de ce bonheur, et ne cesseront d’essayer de s’améliorer pour l’atteindre. Ainsi, le film ne cesse de nous remontrer des scènes jouées deux fois par les personnages. Ils sont tellement anxieux d’atteindre cette perfection qu’ils se donnent toutes les chances de réessayer après un échec. En sort une profonde tendresse pour les personnages, qu’ils occupent le premier plan ou le deuxième.
Le film balance constamment sur un fil à des centaines de mètres au dessus de sa concurrence. Jamais il ne tombe ou ne perd l’équilibre. On pourrait donner des exemples, mais les scènes qui touchent un idéal sont tellement nombreuses qu’il faudrait citer le film entier. En mousquetaire de l’écriture, Brooks fait mouche à chaque réplique, à chaque situation. Il y a une sorte de dissection du discours qui donne un aspect rohmerien à la façon dont les dialogues sont servis par les acteurs. Il y a une certaine théâtralité à laquelle les spectateurs américains ne sont pas habitués, mais surtout une analyse de leur mode de pensée, de vie et la volonté de comprendre cette “pursuit of happiness” qui sert de moteur à un bon nombre d’entre eux.