Comment peut-on mettre une sale note à ce chef-œuvre de la Dark Fantasy ? En effet le film culte de John Milius réunit toutes les qualités de ce genre, un univers sombre, des personnages tourmentés, de la violence et du sexe crus et du surnaturel empli d'une certaine noirceur. L'histoire nous raconte le parcours initiatique d'un antihéros, Conan le Sumérien à travers une quête de vengeance envers le charismatique tyran Thulsa Doom qui a détruit sa famille sous yeux étant enfant. John Milius réussissait magnifiquement à retranscrire sur grand écran toute la brutalité et l'obscurantisme dépeint par l'auteur Robert E. Howard, grâce à des décors naturels d'une grande ampleur, des costumes et des accessoires de pure Fantasy et des effets spéciaux discrets mais parfaitement crédibles. Car c'est le mot qui définit le mieux ce long métrage, la crédibilité de son univers dont on ne doute jamais de l'authenticité mais aussi la prestation d'acteurs très convaincants, Schwarzy en tête qui arrive avec son jeu hiératique à donner corps au musculeux et impitoyable Conan. La mise en scène de John Milius ne fait pas de fioriture, elle parvient à imposer un style spectaculaire au récit sans jamais se montrer ostentatoire, c'est un véritable plaisir de suivre le chemin de Conan et ses compagnons d'autant que leur progression se fait de manière subtile et sans manichéisme aucun. Il faut également souligner la superbe musique de Basil Poledouris (RoboCop, c'est lui), une musique à la fois épique et mélancolique qui accompagne magnifiquement la quête de vengeance de Conan en l'iconisant à chaque passage important du récit. Plein de fureur et de générosité, jusqu'au-boutiste dans sa mise en scène sèche et sa narration d'une implacable noirceur, le chef-d'œuvre de John Milius parvenait à donner ses lettres de noblesse à la Dark Fantasy, en faisant un modèle pour un bon nombre d'autres films qui chercheront à l'imiter sans jamais parvenir à en retrouver le souffle épique et nihiliste qui l'habite de la première à la dernière seconde de pellicule. À voir, à revoir et à rerevoir sans modération.