Il faut comprendre : tout cela part d'un traumatisme de l'enfance (que je ne déflorerai pas pour ceux qui n'ont pas encore vu le film), d'une vie d'esclavage et de souffrances (mais ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, nous démontre parfaitement le film), d'une soif de vengeance tenace, d'une fidélité à la mémoire filiale, d'une découverte improbable de l'amour, de la fragilité de l'acier face au pouvoir immense de fascination qu'un seul homme peut exercer sur des foules avides d'infini, d'héroïsme et de fantasy ( pas de fantaisie !), de plongée ravageuse dans l'inconscient des hommes malmenés par une ère imaginaire mais identique dans sa fureur aux pires époques de notre Histoire. etc. Bref, ce film use de tous les ingrédients nécessaires à un jeu de rôle rondement mené et servi par une musique conquérante, inspirée et inspirante. Shakespeare est même invoqué (Max von Sydow ferait presque penser au Roi Lear), les grands mégalos se retrouveront tous dans Thulsa Doom (hypnotique James Earl Jones voué aux forces obscures), et comment dire... Conan, oui, Conan, c'est la crédibilité incarnée du bras d'acier vengeur... pourvu qu'il ne parle pas ! Arnold a une seule expression et il la rentabilise pendant tout le film ! Alors, oui, c'est un navet grandiose, grandiloquent, faramineux, richement hémoglobiné, aux décors somptueux, aux prises de vue impressionnantes, aux trouvailles scénaristiques parfois étonnantes, mais quand même... c'est un navet, et un navet musclé, sentimental et musclé, sentimentalement musclé ! Un navet que l'on regarde au vingt-cinquième degré, en s'étonnant qu'autant d'idées soient rendues de façon aussi carrée et caricaturale, avec une musique qui a bercé nos jeux de rôles adolescents.