Connard le barbant ? Pas vraiment...
Cette petite contrepèterie collégienne faisait fureur à mon époque et le film de John Milius n'avait pas très bonne réputation je crois... J'avais d'ailleurs la VHS, mais ne l'ai pas souvent visionnée. Trop violent sur la fin peut-être ? Et pourtant, à le redécouvrir aujourd'hui : wow ! Quelle intro ! Des contrées enneigées immémoriales de l'âge hyborien et pas un mot - en dehors d'une voix-off caverneuse immersive -, une bande originale exceptionnellement épique que l'on ne présente plus, et une première scène tragique à vous faire hérisser les poils dans le dos, et déjà Conan le Barbare semble s'élever au-dessus de la mêlée du genre.
La première chose qui impressionne, c'est l'atmosphère particulière qui se dégage de la réalisation. Les musiques grandiloquentes et les silences humains captivent, et déjà l'on se retrouve à tourner la roue du temps et de la mort en compagnie de ce désormais seul gaillard aux muscles hors-norme, incarné par celui que ce rôle révèlera au monde entier : Arnold "Governator" Schwarzenegger. Conan fera très vite ses preuves en tant que gladiateur - et barbare - jusqu'à mériter que son propriétaire l'affranchisse... Et, livré à lui-même, Conan se mettra en quête de vengeance, s'armant d'un glaive ancestral trouvé au fond d'un tombeau... L'aventure peut commencer !
Une sorcière sautée, un prisonnier libéré, un dromadaire assommé, une blonde, un anaconda géant, le vol de l'oeil du serpent à son nez et à sa bave, un écusson, un roi, sa fille, de l'amour, du sexe, laque et quête. Les paysages impressionnent. C'est beau. Et Conan le Barbare deviendrait presque un film contemplatif, voire même poétique. Ah, et nous découvrons que le narrateur est un sorcier : ma foi, une étrange idée. Par la suite : Conan le prêtre, Conan gaulé, Conan crucifié, Conan picoré, mais Conan libéré ! Même si on ne sait pas trop par quel miracle... Mais la scène des spectres m'a carrément impressionné !
La dernière partie et son mysticisme, son orgie cannibale, sa mutation inoubliable, ses flèches empoisonnées, ses apparitions, ses suicides collectifs, ne font que renforcer la densité, la puissance, la créativité, et l'univers d'un film qui jamais n'ennuie, malgré sa durée relativement conséquente (2h10). Et ce plan final ! Un film sans véritables défauts non plus (techniques ou narratifs) - chose assez rare pour le genre -, et je pense pouvoir dire sans me tromper qu'avant Le Seigneur des Anneaux, Conan le Barbare faisait figure de grande référence du cinéma fantasy, qu'il dominait de la tête et des épaules de son colossal héros.