Enfin. Il était temps. Temps que je voie ce film (j’ai couru après depuis sa sortie) et temps de mettre la “sword & sorcery” hors des sentiers battus du genre comme “la violence peut tout régler” ou “mes stéroïdes et moi”.
Conann se conjugue donc au féminin. En tout temps. En tout lieu. Conann parle des seules choses dont il vaille la peine de parler : de l’amour, de la mort et du dégoût d’être un homme.
On mettra ce film près du Casanova, d’Alice ou du Magicien d’Oz. Un film de plateau ou l’espace est créé par des plans systématiquement tout en travelling et en mouvements de grue (8 et demi n’est pas loin). On retrouve bien sur le soin de Mandico que l’on connaît et qu’il met dans chaque élément de sa boîte de Pétri cinématographique. Décors faussement foutraques, effets de manches post prod réduits au minimum, éclairages au poil, effets sonores précis et tant d’autres qualités que cette équipe a su mettre en place.
Et ne m'emmerdez pas avec le jeu non standardisé des actrices: il est très bien.
Le film est évidemment rattrapé par l’obsession qu’a le chineur pour le kitsch et ce pour le meilleur et pour le moins bon. On traîne encore un peu de fan service ( Burroughs, Can, Klaus Nomi, Beksiński etc..) , des longueurs inhérentes à ce cinéma, et un tribut obligatoire aux spaghettis viscères en gros plan schlurp schlurp mais ce n’est pas grave. Bien au contraire: rien n’entrave Mandico et son équipe dans la création d’un univers ou leur rêve est plus lucide que toi.
Concluons. On a affaire à un cinéma organique, dense, où fourmille les symboles.
De Fellini à Abramovic en passant par Mocky et d'autres, ce film digère tout. Et Mandico conjugue tout au féminin pour appuyer ses idées, et mieux prolonger le genre culturel dont il est fait.