Conjugation
Conjugation

Film de Emily Tang (2001)

Bien que profondément chinois dans son équipe technique, ses comédiens, son sujet et sa sensibilité, le film fut produit à Hong-Kong. La raison est assez simple, il s'agit du premier film "chinois" à évoquer les événements de la Place Tian'anmen en 1989. Censure oblige, les références sont très métaphoriques et fluettes dira-t-on. On sait juste que l'histoire se déroule en 1989, que les personnages se sont retrouvés à une place, que le calme est revenu et qu'il y a donc un ami disparu qui laisse un grand vide (que les autorités semble prendre à la légère). Ca sera tout.


Autant dire que s'il l'on est pas vraiment au courant du contenu en rentrant dans la salle, on peut échapper au cœur du film. Et même en étant prévenu, le film a de forte chance de laisser sur le carreau. Ce qui fut mon cas. Conjugaison m'est passé totalement au dessus de la tête.

La raison vient bel et bien de sa narration vaporeuse et ses nombreux non-dits. Pour le coup, j'ai senti un univers culturel trop ciblé pour que je possède les clés de compréhension. Je comprends qu'il y a des symboles à l'écran mais je ne peux les décrypter. Ou alors tout cela fait échos à des situations très personnelles qu'on connut la grande majorité des adolescents chinois (s'introduire dans des bus pour faire l'amour, squatter des appartements illégaux car on vit en couple sans être marié, apprendre une langue étrangère...).
Certains passages me sont plus évidents comme cet espèce de fable que l'héroïne raconte à ses clients/touristes où il est question d'une femme ayant assassiné son mari et qui ne sait quoi faire de son cadavre car sa narratrice elle-même ne sait pas comment conclure son histoire (qui finira dans le cannibalisme et où la référence au pouvoir ayant massacré son peuple est plutôt clair). De la même manière, durant le dernier tiers, les personnages semblent constamment buter contre des sortes de murs là aussi souvent métaphoriques (de vrais barrière physiques mais aussi un lac gelé où le couple trouve un poisson mort prisonnier de la glace).


Une œuvre terriblement frustrante qui m'a douloureusement laissé sur le bord de la route. Les spécialistes sinophiles trouvent le film bouleversant et incroyablement fort. Je les envies profondément (d'autant que le livre Beijing Coma reste l'un de mes grands coup de cœur de ses dernières années mais son approche était autrement plus frontale et direct).

anthonyplu
5
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le 31 janv. 2017

Critique lue 239 fois

anthonyplu

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