Après les sorcières, je reviens à mes démons… euh à mes moutons, avec un poltergeist. James Wan, déjà esprit initiateur entre autres des sagas Saw, Insidious, frappe ici très fort (3 fois, comme la formule consacrée le veut) avec le 2e épisode de Conjuring. Dans le premier, nous suivions les époux Warren, écrivains autoproclamés chasseurs de fantômes depuis les années 50. Célèbres aux USA pour être allés enquêter à Amityville, on les retrouve souvent dans la fiction sans qu’ils soient particulièrement identifiés : Le dernier rite en 2009 et surtout Le premier Conjuring, Annabelle. Insidious n’est finalement qu’un héritier. Bien évidemment, les talents de nos enquêteurs du paranormal sont sacrément remis en question, ce qui n’empêche pas la production sensationnaliste qui culminera avec le 14e film sur l’affaire Amityville qui sortira en janvier 2016 (et je vous fais grâce des téléfilms et autres documentaires).
Attendu comme le messie, James Wan qui avait déjà changé le numérique en or avec Le premier Conjuring et son petit détour par Fast and furious 7 (oui, oui, le funèbre où…. Il sait les choisir), est pour bcp le dernier champion du cinéma fantastique horreur. Pour ma part, j’ai toujours eu un faible pour la barbe et le mauvais goût, alors j’attendrai le prochain Rob Zombie nommé sobrement « 31 » (si vous ne le connaissez pas, c’est un passionné de la fête d’Halloween). Wan armé d’une caméra RED, d’une bonne steady, de rails solides et d’un studio anglais garanti avec ses briques, a-t-il fait ce qu’on attendait de lui ?
L’histoire du cas Enfield, estampillé « Histoire vraie », nous emmène en Angleterre dans les années 70. Là, une femme divorcée élève seule ses 4 enfants dans leur nouveau domicile, une maison de quartier. Très rapidement, des bizarreries troublantes apparaissent, notamment autour de la jeune Janet. Ils ne sont pas seuls. Les époux Warren vont être appelés afin de constituer un dossier solide validant une demande d’exorcisme.
Je vous passe la partie administrative : « Vous n’avez pas le laissez-passer A-38 ! » des 12 travaux d’Astérix – même si ça aurait pu être drôle, façon salle d’attente de Beetlejuice. C’est la crise, même pour les fantômes ! Il semblerait que l’un de ceux qui tourmentent la petite famille soit un petit vieux décédé depuis des années qui pense toujours qu’il y a des intrus dans son salon. 40 millions, soit le double de la production du précédent, on y va à fond sur la pluie londonienne et les travelling circulaires. La photographie de Don Burgess (Forrest Gump, Le livre d’Eli, Source code) vient suspendre la collaboration avec John R. Leonetti avec qui James Wan avait réalisé Dead silence, Death sentence, le premier Conjuring : les dossiers Warren (et l’histoire de la famille Perron), les Insidious. Burgess semble vouloir singer son prédécesseur et le film perd son identité, frappé d’un air de déjà vu qui tombe mal pour un genre codifié où la surprise est rare.
Patrick Wilson et Vera Farmiga sont dans leurs patins, Ed et Lorraine Warren, maintenant ils connaissent. Mais que se passe-t-il dans la façon habituelle de James Wan de mêler le volet familial à l’enquête ? Ok, la référence bien lourde à Amityville est là (pas la peine de faire un 15e film, merci beaucoup de nous épargner). Mais pourquoi intégrer un personnage récurrent – une nonne démoniaque – dans chaque film ? Insidious a déjà sa vieille sorcière en robe de mariée noire qui terrorise la médium Élise. La poupée Annabelle elle-même est souvent présente dans les différentes sagas, au point d’avoir eu droit à un lamentable film. Ça se répète un petit peu, non !
Toujours de beaux plan-séquences, pas de souci sur la technique formelle. Mais si le premier Conjuring distillait son angoisse à base de bruits hors champ, de présences indicibles, de révélations malséantes (même si Insidious et son démon en plein jour reste le champion), ce second opus tombe dans le mièvre, dans le jump scare, dans des imitations grotesques de ce qu’il était sensé dépasser : les Paranormal activity. Les études paranormales pourraient être l’occasion d’un vrai scénar de sceptique, mais non. Une des manifestations se fait dans le dos de tous les témoins et souvent dans le film, la fumisterie est citée comme une potentielle explication. Mais rien de plus. Le poltergeist d’Enfield est pourtant le cas le plus documenté, des photos et enregistrements (je n’ai pas parlé de preuves hein) mais on ne parlera que de la prémonition de Lorraine Warren relative à la mort de son mari transpercé d’un pieu de bois. Ce qu’il aurait peut-être mérité, nous épargnant une sirupeuse interprétation d’Elvis Presley (qui est toujours vivant, d’ailleurs on l’a aperçu à Limoges y a pas longtemps. À moins que ce ne soit un Bigfoot avec une banane ?).
Alors messieurs dames, si vous aimez le cinéma fantastique et horreur, je vous en conjure, passez votre chemin. N’encouragez pas en salle ce genre de demi-film fainéant. Sinon on se tapera des mouises produites par Alexandre Aja, genre Pyramide ou pire ! Ouija !! Et on sait que quand on joue avec une table de Ouija, le pire est à venir…