Absolument terrifiant. C'est la première chose qui vient à l'esprit à la fin de la séance. On pourra aussi y voir une chronique sociale, voire une étude de mœurs. Carrément. Certaines critiques sur ce site même ne manqueront pas de l'analyser. Mais ce qui impressionne surtout c'est la structure du film, à la fois classique et inventive.
En effet James Wan varie les plans selon la structure de la scène et le but de celle-ci. Anodin diront certains ? Il faut tout de même compter le nombre de réalisateurs qui ne font qu'imposer leur style sans réfléchir à la séquence elle-même ! A propos de séquences, il y a vers la dixième minute de film, un plan-séquence tout à fait époustouflant et dans ce monde ou le plan-séquence est à la mode, c'est bon de voir aussi cela dans une franchise, comme on a pu en voir un autre superbe dans Spectre récemment. Et pas uniquement dans les films "arty" ou dit "d'auteur".
Il réussit du coup d'autant plus à atteindre son but premier : faire peur. Il y a certains champs/contre-champs dès les vingt premières minutes qui filent la pétoche et d'autres plans rapprochés qui donnent d'un coup un moment intimiste. Pour faire simple, le langage du cinéma est utilisé à fond dans un nouveau genre de film d'épouvante qui renoue à la fois avec ses augustes prédécesseurs de la période prè-slasher et qui renouvelle le genre en réussissant à être imaginatif. Autre exemple, cette scène de près de cinq minutes ou, en plan fixe, on voit Patrick Wilson parler au premier plan à la fille possédée, située elle, dans un arrière plan flou.
C'est un film d'épouvante mutant. D'un côté il fait penser à L'Exorciste en installant une tension, en prenant son temps pour découvrir les personnage et montrer aussi parallèlement deux histoires, ce qui est un procédé plus couramment utilisé dans les polars, par exemple. Ce côté polar, amène aussi les scénaristes à créer une sorte de revirement dans l'intrigue. Dans le même registre l'utilisation d'un thème musical de manière d'abord diégétique pour ensuite être rejoué au piano de manière extradiégétique renforce le sentiment du spectateur d'être aux côtés de la famille traumatisée.
Il utilise également l'eau comme synonyme d'approche des ténèbres à la manière des films d'épouvante japonais comme The Ring et même plutôt Dark Waters.
Au fond la force du film réside dans le fait d'avoir utilisé des moyens aussi divers que variés, autant techniques qu'émotionnels, pour faire entrer le spectateur dans l'histoire, plus près des personnages. Ce qui provoque en lui, plus de peur et plus d'empathie également.
Cela fonctionne aussi car les acteurs sont à l'unisson, Patrick Wilson et Vera Farmiga en tête. Visiblement tout le monde prend son rôle à cœur et James Wan veille à diriger solidement tout ce monde. L'image est belle, soignée avec ce qu'il faut de filtre, dans la continuité du précédent épisode.
Et L'Eglise ? Bah elle sert à rien pour sauver la famille. En revanche James Wan continue à progresser et à tenir le haut du pavé avec l'ensemble de l'équipe autour de lui. Du cinéma solide, propre, malin et écrit avec intelligence. Vivement la suite …