Le lien de parenté avec A bout de course, de Sidney Lumet, saute aux yeux. Une adolescente vit avec ses parents dans la clandestinité, allant de déménagement en déménagement, d’un pays à un autre, avec comme seul vrai compagnon de route une montagne de faux papiers. Se construire ici et se tenir prêt à tout abandonner en cas de menace est l’unique leitmotiv de leur vie. Point d’acte éminemment terroriste ici, bien qu’on le devine de part le titre original (bêtise de la traduction française) qui fait référence aux réformes gouvernementales allemandes en chasse aux activistes des années de plomb. Le film ne dira rien de plus. Tout est dans ce titre à double connotation, puisque s’il se réfère à ce terrorisme de la RAF, il souligne aussi la situation familiale, isolée et paranoïaque, dans laquelle sont plongés ce couple et leur fille de quinze ans. Le film prend le parti de suivre cette famille dans la clandestinité, quelle qu’elle soit, en filmant ce que Lumet filmait déjà, à savoir ce douloureux moment où l’enfant qui subissait jusqu’ici aveuglément la fuite de ses parents, est en âge de ne plus la subir, de faire ses propres choix, de tomber amoureux. Au détriment de l’amour que l’enfant porte à ses parents, inéluctablement. Le film s’ouvre d’ailleurs sur cette rencontre, une manière de dire qu’elle est le principal sujet du film, voilà pourquoi nous ne saurons rien des actes politiques, puisque tout ce que l’on nous offre à voir se fera du point de vue de cet enfant – Superbe séquence où elle rencontre la fille d’un probable collègue de fuite de ses parents. L’empathie muette qui nait entre les deux demoiselles, victimes innocentes, est très belle. Mais c’est bien cette rencontre au Portugal qui bouleverse tout, avec ce jeune surfeur. Elle ouvre définitivement la personnalité de la jeune femme qui décide de vouloir se faire belle, de vouloir aller à l’école, de ne plus vouloir fuir pour une cause qui la dépasse. Le film se termine un peu abruptement, c’est dommage. Il n’a pas la puissance émotionnelle de son référent mais surtout il me semble en total désaccord avec ce qu’il venait de construire. Mais bon, c’est un infime détail au regard de cette réussite, premier d’une longue liste pour le surdoué cinéaste allemand de Barbara.
JanosValuska
8
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le 18 juil. 2014

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