Les personnes qui m'accompagnaient ont prévu le coup : elles s'étaient dirigé vers les deux bornes automatiques distribuant des billets de cinéma, et puisqu'on était déjà en retard, il m'a fallu m'adresser au caissier. Quand, auprès de mes comparses, j'ai fait mention de ce contact humain que j'aurais souhaité éviter, on m'a répondu que c'était comme se rendre au sex-shop.
C'est pas faux.
Mise en situation fictive, imaginée entre nous à partir de là : "Cookie ? Je voulais dire "Hitchcock" - "Il n'est pas encore sorti, monsieur" - "Ah c'est pour ça ? Bon bah laissez-moi le ticket pour Cookie, c'est pas grave".
Tout est parti d'un délire, à l'instar de celui que je viens de retranscrire.
Il y avait ce film, "Cookie", dont j'avais vu les affiches. J'ai vu la bande-annonce après qu'on m'en ait parlé, et qu'on m'en ait donné l'image d'une BA assez raciste.
Cookie est devenu un running gag, et à force de rire en en parlant et en imaginant des situations dans le film, ça donnait presque envie de le voir, bien qu'on se doutait que le film en lui-même ne serait pas aussi drôle que ce qu'on racontait à son propos.
C'est un délire, toujours, qui nous a menés à vraiment le voir. C'est dans un bar qu'a été lancée la proposition d'aller le voir, pour de vrai. "T'es sérieux ?", cherchais-je à savoir. 30mn plus tard, on était au cinéma.

C'est la première fois que je vais au cinéma voir un film que je pense être mauvais (heureusement que j'avais des places gratuites). Et la première fois que j'arrive en retard aussi, car on a choisi une séance sous le coup de l'impulsion.
J’ai raté le début, mais heureusement il est dans la bande-annonce, c’est d’ailleurs hilarant : Alice Taglioni est hôtesse de l’air, elle arrive à la cabine des pilotes pour leur servir un verre. Le pilote lui dit quelque chose comme "mais qu’est-ce que vous faites, je vous ai dit d’aller vous asseoir", Alice s’en va, faisant une tête laissant à penser qu’on est dans une scène comique. Le co-pilote, lui, fait plutôt penser qu’on a droit à un film romantique "elle est formidable cette fille", le pilote "il lui est arrivé un truc terrible, son mari et son fils sont morts dans un accident de voiture, je crois qu’elle conduisait".
Ce qui est très drôle, c’est ce mélange des genres, on est encore dans une scène d’apparence légère qu’on nous annonce quelque chose de grave, qui n’a aucun impact du coup.
Le reste de la bande-annonce est très drôle aussi parce qu’il enchaîne les situations où Virgine Efira accumule les préjugés et clichés sur les asiatiques : elle imite l’accent chinois, dit au gamin asiatique (à savoir Cookie) "ET téléphone maison !", … et puis il y a la mère de cet enfant, jouée par une actrice qui, visiblement, parle bien français, mais on a dû lui dire de parler mal exprès, ce qui amène un résultat étrange.
Je vous encourage à voir la BA (d’autant plus que je n’aurai pas à résumer le film, ainsi).
La bande-annonce néanmoins, par son format réduit, met en lien des éléments qui ne sont peut-être pas traités ainsi dans le film, on peut avoir une image faussée.
Donc, est-ce qu’il y a de pareils défauts dans le film en lui-même ? Oui et non.

Le drame et la comédie sont séparés, mais le film n’est pas (volontairement) drôle non plus.
Les deux actrices principales n’arrivent pas à faire rire, et les gags, tous déjà vus, tombent à l’eau.
Il y avait quand même des gens dans la salle qui ont ri au premier degré, et ça c’est triste. Virginie Efira qui prend l’accent chinois pour dire "elle a des yeux de chinois, et elle est maigre comme un canard en hiver", ça a vraiment fait rire des spectateurs autre que nous, qui riions à cause de la nullité de ce type de blague raciste qu’on ne fait plus au-delà de l’école primaire.
"Franchement j’ai honte, là", dit le personnage d’Alice Taglioni. Bah ça se comprend.
Le drame n’a pas marché pour moi non plus, je ne me suis pas du tout senti concerné par l’histoire.
Les personnages n’ont pratiquement aucune personnalité, et pourtant ils arrivent à ne pas être cohérents avec eux-mêmes. Le personnage de Taglioni est brisé depuis son accident de voiture, ce qui fait qu’elle refuse de s’attacher à quiconque, et qu’elle est devenue une caricature de mauvais mère : elle laisse le gamin seul à la maison… mais elle apprend le chinois pour comprendre Lee Yu (le vrai nom de Cookie), et elle lui achète des habits... mais elle pète un plomb de façon démesuré quand le gamin pleure sa mère.
Le personnage de Virginie Efira, impossible de la cerner, je n’arriverais pas à trouver un seul adjectif pour la qualifier.
Son mari, c’est une caricature du père absent. Un soir qu’il décide d’un coup de s’intéresser à sa fille, il lui propose un verre de vin. Elle répond "papa, tu sais quel âge j’ai ?" – "Oh, oui, pardon !". Très drôle ; on aurait cru une parodie. Après ça il lui propose une clope, et là c’est encore "oh, oups, pardon !". Même chose encore 2 fois dans le film. Enorme, on attendait chaque occurrence.
Virginie n’aime plus son mari, et elle aime de nouveau son ex, un flic d’élite qui -comme c’est pratique- parle chinois ! Merde alors, le pauvre mari, il va être délaissé ? Mais non, car on est dans une comédie française où tout doit bien se finir, alors le mari de Virginie aime Alice !
Mince, maintenant que j’y pense, il y a aussi le co-pilote qui cherche à draguer Alice… hm, peut-être que le film n’est pas aussi simpliste que je le croyais, à la fin rien n’est résolu, on peut s’imaginer un conflit dans la suite des évènements !
Il ne faut pas oublier le personnage de la fille de Virginie, qui, avec ses copains d’école, veulent former un groupe révolutionnaire. C’est hilarant parce qu’ils doivent avoir 14 ans mais parlent de s’attaquer à des magasins, de trafiquer des feux rouges pour arrêter les voitures et leur distribuer des tracts, … c’est terriblement con. Le pire c’est qu’il le font, ils distribuent des tracts, mais, comme le leur fait remarquer un automobiliste mécontent… ils ne savent même pas contre quoi ils se révoltent.
Mais ce groupe permet la naissance d’un amour entre la fille et un de ses amis, qui lui dit "toi t’as la révolte dans le sang… j’aime ça". Hilarant.

Etrangement, Cookie est un film qui veut parler de trop de sujets à la fois, avec tous ces personnages et ces sous-intrigues, mais sans rien approfondir. Les révolutionnaires de pacotille, on ne sait pas ce qu’ils deviennent. Dans une scène, Taglioni consulte sur son ordi des sites parlant d’exécutions en Chine… on ne comprend même pas pourquoi, car ça n’a rien à voir avec ce qui nous/la concerne, et qu’on ne traite de ça à aucun autre moment dans le film.
La mise en scène aussi est un gros fouillis. Lors d’une scène où Cookie s’enfuit, il y a une sorte de course-poursuite avec musique de film d’action et plans à la Jason Bourne. C’est n’importe quoi.
Un autre moment où la mise en scène cherche à se distinguer, mais de façon totalement incohérente encore, c’est quand la fille d’Efira et son copain discutent au téléphone dans la cour de leur école alors qu’ils sont à quelques mètres de distance. Ils avancent lentement l’un vers l’autre, en zig-zaguant autour de piliers. Ca veut dire qu’ils sont si proches et en même temps si loin, à mon avis, étant donné que leurs parents (et la police, oui parce qu’ils se font mettre les menottes à cause de leur révolte à deux balles, et qu’ils sont sur écoute) n’aiment pas leur liaison.

Quelques répliques comiques :
-"C’est quoi ça ?" (un révolutionnaire, en voyant Cookie)
-"Elle a pas renoncé à l’amour, elle apprend le chinois" (le copilote amoureux d’Alice)
-"Tu aimes les cookies, hein, espèce de petit cookie !" (la genèse du héros)
-"Bah quoi, ils sont petits les chinois !" – "Non, depuis qu’ils sont riches, ils sont grands !"

Des scènes particulièrement drôles :
-Les personnages ayant eu l’idée d’emmener Cookie en Chine en le planquant dans des bagages, au cours de la soirée célébrant son départ, on voit le gosse être chronométré tandis qu’il rentre dans une valise. WTF total.
-Le flic ami d’Alice et Virginie les emmène rencontrer son prof de chinois, et on voit un bout de son cours. Il écrit au tableau le mot "sympa", et se met à énumérer ses significations ainsi : "Sympa peut vouloir dire joli : ce tableau est sympa. Sympa peut aussi dire bon : ce plat est sympa. Sympa peut vouloir dire gentil : cet homme est sympa. Sympa peut se conjuguer au présent, à l’imparfait, ou au futur : je suis sympa, j’étais sympa, je serai sympa."
Et ça continue comme ça. C’est tout simplement ENORME.
EDIT : je précise que ce n'est pas une scène censée être comique.
-Comme me l’a fait remarquer mon voisin, ils sont en Chine et parlent de Yen, alors que la monnaie y est le Yuan.

"Cookie" est moins raciste que je l’aurais espéré, moins mauvais, et donc forcément moins drôle.
Enfin, au fur et à mesure que j’écrivais ce qu’il y a ci-dessus, je me suis rendu compte comme c’était quand même particulièrement bête par moments. Enfin bon, étant donné l’attente que j’avais, je me dis que c’est un film qui ne mérite pas ma haine, il n’est pas si mauvais que ça (mais loin d’être bon), mais je pense qu’il sera vite oublié.
Qu’on le voie au premier ou au second degré, on s’ennuie quand même, rien n’est réellement drôle ou intéressant dans ce film.
Heureusement que je l’ai vu accompagné des bonnes personnes, sinon je me serais ennuyé.
Fry3000
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le 25 janv. 2013

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