Surveillez vos gosses, merde !

Après un premier film, Clown, produit par Eli Roth mais invisible en France, Jon Watts signe son second long-métrage avec Cop Car, avec Kevin Bacon en tête d'affiche et passé par Sundance et Deauville... mais invisible chez nous, sinon en vidéo ! Bon, vu que le sieur a été annoncé au prochain reboot de Spider-Man, on finira bien par entendre parler de lui, mais malheureusement pour un film Marvel - donc gâché...

Et c'est bien dommage car, si Cop Car peut en décourager certains avec son scénario extrêmement minimaliste, on tient pour autant une très bonne série B ! La minceur de son intrigue - qui, il faut bien l'admettre, est un peu just pour un long-métrage - est largement compensée par l'ampleur du Scope que Watts maîtrise parfaitement, par le talent de ses acteurs, que ce soit le duo de gosses incroyablement justes et spontanés ou Kevin Bacon complètement halluciné et hilarant, et par le choc détonnant de la double influence frères Coen (comédie noire dans l'Amérique profonde) et Spielberg (prévalence du point de vue des enfants). Un mélange des genres qui fait tout le sel d'un Cop Car restant, quoiqu'on en dise, singulier.

Car si le scénar est extrêmement épuré, la façon dont Watts garde tout du long ce fragile équilibre entre l'innocence des gosses et la noirceur du monde adulte force le respect. Car ce qui m'a marqué en effet est l'anarchie totale du monde désertique que traverse Cop Car. En volant la bagnole de flic et en jouant avec des armes à feu - ce qui donne des suées tant on s'attend constamment au pire - les gosses font évidemment des conneries mais on s'imagine bien qu'ils n'ont pas un très grand sens des responsabilités. Or, Watts les confronte à des adultes encore plus irresponsables qu'eux, ne prêtant aucun égard à leur jeune âge, ne montrant aucun signe d'instinct parental de quelque sorte que ce soit ! A aucun moment Cop Car ne met ses personnages face aux conséquences de leurs actes, et c'est là toute la folie du film : montrer le monde désolé de plus ou moins grands gamins laissés seuls à leurs jeux mortels... Dans cet état des lieux à la fois glaçant et jubilatoire, difficile de savoir si Jon Watts est sarcastique ou alarmiste ; ce qui est sûr, c'est qu'il a signé un film d'une efficacité indéniable !