"Copie conforme" permet de confirmer ce que l'on avait suspecté lors du passage de Wong Kar Wai par les Etats-Unis : même les grands cinéastes ne peuvent qu'y perdre à s'éloigner de leur "territoire". Si l'on retrouve ici tous les composants de "l'Art" suprême de Kiarostami (son filmage patient et juste, son attention quasi surnaturelle envers ce qui se lit de l'âme sur le visage, et bien entendu son talent redoutablement "wellesien" à faire basculer spectaculairement sa fiction en jouant sur les apparences - ce qu'on voit n'est pas forcément ce qui se passe...), la "formule" - qui reste magnifique, attention ! - tourne à vide : l'utilisation de l'art comme commentaire de la vie amoureuse est peu convaincant, le drame du couple "bourgeois" occidental reste banal, Binoche semble régulièrement fausse, mal à l'aise sans doute face à l'attention qui lui est portée, et au final, la conclusion suspendue est ici plus un aveux d'impuissance qu'un geste stylistique : "Copie Conforme" aurait au contraire gagné à se conclure de manière plus aventureuse, plus "kiarostamienne"… Dommage ! [Critique écrite en 2010]