Un film phare et emblématique de la nouvelle vague dont il demeure l'un des premiers titres. L'influence documentaire est évidente dès les premiers plans qui montrent un enfant évoluer dans des ruelles insalubres avant de se mettre à jouer aux gendarmes et aux voleurs avec des camarades de son âge.
Caméra à l'épaule, tournage en décor réel, photographie rugueuse, violence sèche, tout est déjà là avec un certain talent pour l'observation avec une volonté de donner un peu de corps aux personnages ou aux seconds rôles aux travers de quelques pauses du strict récit : moments de famille, partie de base-ball entre collègues, un témoin qui refuse parler à la police, les enfants devenant soudainement menaçant entre eux...
Rien d’extraordinaire fondamentalement mais cet encrage permet au film de fonctionner en présentant des personnages plus humains que d'autres représentants du genre. Le méchant est assez réussi à se titre avec un homme fasciné par les armes à feu et qui faute d'avoir pu rejoindre la police à cause de son strabisme se tourne vers le banditisme qui lui offre un sentiment de toute puissance qui explose dans une dernière partie particulièrement tendue. Le moins qu'on puisse dire c'est l'interprête est vraiment inquiétant et impressionnant. Il faut le voir en transe courir après un jeune policier terrorisé qu'il vient de blesser avec une folie véritablement palpable. De quoi faire oublier un dernier tiers aux rebondissements faciles et pas toujours crédibles (comment ce criminel connait l'adresse des policiers et de leur famille ?) mais à l'intensité remarquable.
Même s'il n'a pas la force viscérale du formidable Man on the brink, son second film, Alex Cheung signe (après un début de carrière à la télévision) un premier long métrage avec beaucoup de caractère qui n'a presque pas pris une ride, entre policier social et thriller nerveux qui offre notamment un remarquable poursuite à pied dans les semi bidon-villes labyrinthiques en périphérie de Hong-Kong.