Je vous avais déjà dit tout le bien que je pensais d'un film comme Sexandroide ! Cette merveille du cinéma expérimental underground à base de plans nichons et d'effets spéciaux amateurs ! Et bien l'ami Michel Ricaut, entre deux pornos hards (le monsieur est un expert, ayant poursuivi sa carrière quasi exclusivement sous la houlette de l'incontournable Max Dorcel), continue de nous faire des projets personnels avec une patte qui n'appartient qu'à lui. Et dire que Corps de Chasse renvoit la grande bouffe dans la cours des maternelles est peu dire, tant les excès de la mise en scène repoussent les limites de la bienséance et du politiquement correct !


Ca commence avec trois compagnons en train de manger comme des porcs, de se baffrer de poulet avant de s'envoyer de grosses lampées de vin rouge. On sent déjà toute la sulfureuse critique de la société de consommation. Mais les dialogues viennent sublimer la portée dénonciatrice. "Hey, tu sais ce qu'elle dit la pute du port ?" "Ah, ben non ! Quoi ?" "Hey ! Hey ! Et béééé... Ah ben je m'en rappelle plus tiens !" Hilarité générale, avant que tout le monde ne se lève. "Et il est des nôôôôtres ! Il a bu son verre comme les auoooooootres !..." Ils ouvrent leur braguette et se mettent à pisser sur la table, face caméra. "Iiiil est des noôôôoôôtres ! Et il a pissé comme les auoooooootres !...". Bertrand Tavernier peut retourner dans sa chaumière, on tient l'avenir des dialogues acérés.


Et c'est pas fini ! Si jusqu'à présent, c'était le sketch des chasseurs par les inconnus, le groupe se met maintenant en quête "de tirer quelque chose". Mon dieu, ça arrive. Le groupe se divise, et l'un d'entre eux tombe sur une voiture embourbée conduite par une femme. Dès qu'elle sort du véhicule, il se jette sur elle et la viole direct sur le capot. Autant dire que les femmes qui se débattent comme ça dans de telles circonstances sont généralement payées ou consentantes. Puis le type la bascule dans la boue et saisit un bidon d'huile de vidange. Encore une fois, influence capitale des dialogues : "Allez, en avant pour le patinage artistique ! On va passer aux figures imposées là !" Il lui verse un bon demi bidon sur la croupe avant de commencer à travailler la plomberie. "Et après la vidange, on fait l'plein mad'moiselle ?" Suivi d'un arrachage de couilles au fusil qui vous enverra dans les cordes, la portée sociale du bestiau atteignant des sommets !


Je ne vais pas tout spoiler, ce genre de film, c'est au moins un fou rire toutes les deux minutes. Je rajouterai pour apâter le chalant que pendant que le malotru se vide par les bourses, ses compagnons de beuverie ramènent dans la maison deux tapineuses bien flashies qui nous valent à nouveau un dialogue à encadrer. "Heeyyy ! Heeeeyy ! Mais c'est un mec ! La tienne aussi c'est un mec ?" "Ah ben oui !!!" "Woooaaaah !" "Ca te gênes ?" "Moi ? Ben... ben non !" Et allez, partouze gay/trans ! Voilà comment on dénonce la bourgeoisie autocentrée sur ses plaisirs. Et ne vous en faîtes pas, le film a le bon goût de culminer en orgie de violence et d'humiliation, avec émétophilie, viol et meurtre avec des trucages absolument nuls. Sommet de cinéma et incontournable pour le nanardeur endurci, Corps de chasse, aka Cette femme est un homme, est LE film qui réconciliera le bon goût avec les FEMEN.

Voracinéphile
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le 21 oct. 2015

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