Briser les glaces
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Mieux vaut ne pas trop en dire sur le scénario de ce film, afin de le savourer comme il se doit. Comme on dégusterait un bon cru. Ici il s’agit d’une histoire d’amour, ce qui peut sembler banal. Même si ça n’est pas du tout le cas. Le traitement de ce sentiment amoureux est amené par des personnages atypiques. Il y a tout d’abord Mária, jeune femme brillante mais asociale, et puis Endre, son patron, infirme et seul aussi. Tous les deux sont des « handicapés sentimentaux ». C’est-à-dire qu’ils n’arrivent pas à sortir de leur solitude pesante. Jusqu’à se rencontrer en rêve. Il faut dire également que le lieu de leur rencontre n’est pas des plus glamours. En effet, ils travaillent tout deux dans un abattoir. D’ailleurs la réalisatrice n’épargne pas de nous montrer des scènes d’abattage d’animaux. Sûrement une volonté de sa part de montrer la cruauté qui en découle.
On suit alors les tribulations de ces deux personnages au quotidien, partagés entre travail et retour à la maison. On s’aperçoit vite que leur vie est essentiellement composée de leur job. L’œuvre trouve sa force dans cette vision, à laquelle la réalisation apporte une touche poétique. Ainsi on s’attarde sur un rayon de soleil, ou sur un geste. Cela permet aussi de montrer le développement des sentiments amoureux qui croissent petit à petit entre eux. Ils vont apprendre à s’apprivoiser, comme elle va apprendre à interagir avec les gens. Finalement, ils ne sont pas loin des bêtes qu’ils incarnent en rêve. Seuls et coupés du monde.
Corps et Âme peut déstabiliser au premier abord, de par son dépouillement. Les acteurs interprètent leur personnage subtilement, et l’absence d’émotion visible sur le visage de Mária oblige à chercher d’autres manières de la comprendre. Cela passe donc par son corps et ses mains qu’elle tripote nerveusement, ou par un regard. La lenteur voulue de cette production peut rebuter également. Elle prend son temps. On l’apprécie d’autant plus.
Ours d’or mérité, oui. Œuvre sensorielle à déguster. Histoire intime à apprécier. Foncez !
Critique initialement parue sur cineseries-mag.fr
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Créée
le 28 oct. 2017
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