Corpse Mania est tout de même un film très étrange, aucun besoin que cela soit souligné d'ailleurs, c'est évident à partir du moment où j'écris une critique à son sujet. Cette critique va bientôt se retrouver infesté de lapalissades, c'est malheureux, déjà que j'ai mille manières d'être un pestiféré, voilà que j'ajoute ici un supplément.
Mais qu'est donc ce film ô combien si étrange? Quelles vertus dégénérescentes possède t-il pour que toi, Ô grand Prince de l'Effroi, Ô terrible Gardien assigné aux Affres, Ô puissante sentinelle envoyée par le Mal, tu te décides à lui adresser une critique? Cela est très simple jeune disciple. Il y est question de sujets délicieux. Il y est question de meurtres. De nécrophilie. D'une atmosphère glaciale où le goût du cadavre se propage jusque dans les lumières aveuglantes qui traversent la ville et ses murs, en son crépuscule...
Raconte-moi... Ô oui, raconte-moi...
Je te raconte.
Vraiment, ce qui est terriblement marquant, c'est à quel point le teint livide des cadavres se heurte à des teintes oniriques. Ils semblent issus comme d'un rêve, ou d'un cauchemar; on pourrait leur dessiner une histoire; celle d'hommes chutant d'un Empire au-delà de ce monde pour se mêler à la fange humaine. En tout cas, on pourra dire ce qu'on veut de l'aspect horrible des cadavres, en particulier tels que présents sous cette forme, mais ils sont ici très bien mis en valeur. Et les insectes qui ont décidé de faire de ces corps leur résidence sont très mignons aussi. Ce qui est assez sublime, c'est que toute la ville, même dans l'absence la plus totale de cadavres, semble être à l'image de l'esprit des meurtres qui ont lieu, comme si l'assassin avait installé là un royaume. Chaque quartier, chaque rue est imprégnée de cette atmosphère glaciale.
Il est bon également de souligner que le tueur est convainquant, tant par sa présence que par ses meurtres. Evidemment on lui allie un certain excès dans ses mouvements qui sont significatives du cinéma de Hong Kong mais cela ne m'est pas gênant.
Et, concernant le twist, chose intéressante à noter.
Je tiens tout de même à faire remarquer que le film manifeste une certaine audace. Non seulement le tueur n'est pas le nécrophile (ce qui, admettons-le, était prévisible); mais en plus le nécrophile meurt en terminant eh bien comme un type bien. En effet, il est révélé qu'avant d'être assassiné, suite à sa sortie de prison, il était en train d'acheter la liberté de toute les filles appartenant à la demeure de cette horrible sorcière que nous présente le film. Cela va totalement à l'encontre de l'image des nécrophiles et autres êtres aux tendances perverses assez extrêmes comme étant simplement des monstres et rien d'autre (image dont le film semble s'amuser à plusieurs moments d'ailleurs). Au final non seulement l'être est présenté comme plus ambiguë mais en plus d'une certaine manière atteint la rédemption. Parti pris assez risqué quant on sait les réactions d'horreur que cela provoque (d'ailleurs présents dans le film, des discours tels que "il ne faudrait aucune pitié" etc etc quand on évoque de tels crimes). Un message qui ne rencontrera sûrement pas grande adhésion mais qui est audacieux.
Et quant à convaincre encore de la qualité du film, eh bien regardez-le, et si vous avez suffisamment de lumière naturelle, vous aussi vous serez convaincu, et saurez rendre compte de la beauté inconditionnelle qui germe en lui.
Corpse Mania est un film d'horreur qui somme toute vaut la peine d'être vu. L'ambiance et l'atmosphère sont plutôt travaillés, et l'oeuvre a un intérêt certain. Alors vous aussi, dirigez-vous vers ce spectacle des plus réjouissants sur fond, rappelons-le, de meurtres, de nécrophilie, et d'atmosphère glaciale.