Alors journaliste américain au New York Globe, Johnny Jones va être envoyé en Europe, à l'aube de la Seconde Guerre mondiale en 1939, pour y évaluer l'éventualité d'un conflit. Peu à peu, il va se retrouver au cœur d'un engrenage et d'un complot qui le dépasse totalement...
Je n'ai jamais compris pourquoi Correspondant 17 faisait partie des Hitchcock oubliés et ne jouissait pas d'une meilleure réputation, et surtout reconnaissance. On y retrouve pourtant beaucoup d'ingrédients qui ont fait le succès du maître du suspense et la recette prend ici à merveille. Alors qu'il n'a réalisé qu'un seul film pour Hollywood jusque-là, le brillant Rebecca, il revient ici à ce qu'il savait alors faire de mieux et, dans un style proche d'une majorité de ses derniers films anglais, il offre un thriller sur fond d'espionnage où un homme ordinaire va peu à peu retrouver dans une situation le dépassant totalement.
J'ai toujours cette admiration pour la façon dont Hitchcock dirige ce genre de thriller où, sur fond d'une intrigue pas loin d'être invraisemblable, il arrive à nous y faire croire et permet de nous immerger dans son récit. Il donne du rythme, de la tension, du suspense, mais aussi un charme à son oeuvre où il déborde d'idées et met en avant des personnages bien écrits et consistants. Que ce soit le méchant nazi, le journaliste américain qui débarque au cœur de cette affaire, la charmante demoiselle qui va elle aussi s'y retrouver mêlé ou Ffolliott qui ajoute une touche british à l'ensemble, c'est un vrai régal que de les suivre et, entre jeux de dupes, fausses pistes, apparences et courses-poursuites, Hitchcock ne nous laisse guère de répit, n'oublie pas l'humour et orchestre son récit tambour battant.
Si dans le fond, on peut y voir les prémices de la guerre et la vision d'une Amérique peu concernée, c'est vraiment sur l'intrigue, le suspense et l'intensité qu'Hitchcock axe son récit et ça marche à merveille. Époustouflant de bout en bout, il fait preuve de bon nombre d'excellentes idées et nous livre plusieurs séquences d'anthologies où justement la tension est à son comble, telles celles du Moulin, de l'avion ou dans l'hôtel. Derrière la caméra il se montre là aussi brillant à travers son utilisation des lumières et sa façon de capter, avec énergie, l'urgence des situations. Devant la caméra, George Sanders tire son épingle du jeu dans le rôle du journaliste anglais, la charmante Laraine Day et Joel McCrea s'en sortent aussi très bien.
Incitant les américains à être actifs et concernés par la Seconde Guerre mondiale, Hitchcock livre un passionnant thriller sur fond d'espionnage où suspense, tension, action, charme et humour sont au rendez-vous.