Corrupt
Corrupt

Film de Albert Pyun (1999)

Les friches industrielles, les bastons, la guerre, les fusillades, les gangsters, ce sont des thèmes qui sont chères à Albert Pyun et qui jalonnent toute sa filmographie. De ses débuts prometteur avec L’Epée sauvage à son excellent et mésestimé Dollman, ainsi que Nemesis, l’auteur avait sût démontrer un véritable talent d’artisan dans le monde de la série B, avant de se confondre dans l’anonymat des DTV et films bis voir z complètement fauché comme un intérimaire sans revendications artistiques si ce n’est celui de tourner dans des environnements dévastés squatté par les rats et les camés, ou de prendre les contrats dont personne ne voulaient, comme le fait le groupe Mauffrey. Dans cet enfer des bacs de DVD à 1 euros l’unité, on retrouve une palanquée de galettes estampillés de l’Hawaiien qui fût autrefois intronisé par un certain Toshiro Mifune lors d’un stade au Japon où ce dernier prévoyait de le faire embaucher dans Dersou Ouzala d’ Akira Kurosawa. Depuis il en a fait du chemin, en travaillant avec des têtes d’affiches comme Jean-Claude Van Damme, Tim Thomerson, Rutger Hauer, Steven Seagal, ou bien Christophe Lambert. Sa réputation est même parvenu jusqu'aux oreilles d'Ice-T d’où une fructueuse collaboration entre les deux hommes à la fin des années 90 (Mean Guns, Crazy Six), si bien que ce dernier lui a proposé de réaliser une trilogie avec ses amis Snoop Doggy Dog, Fat Joe, TJ Storm et d’autres renois désireux de mêler la prose et les lyrics à des querelles de gangs et trip égo-tourné autour de la bicrave, des meufs, du code de la rue et autres joyeusetés de ce genre toujours dans le but de se mettre en valeur. Le bémol, c’est qu’il est quand même difficile d’être pris au sérieux quant on se compromet dans un tel parangon de vulgarités et d’âneries avec la grâce d’un clodo sur une moto. Faudrait-il rappeler que le « respect » que l’acteur-coproducteur cherche tant à susciter commence d’abord par soit même.


À écouter les propos lunaire de ICE-T, c’est qu’il était vraiment persuadé d’avoir l’air cool et ultra bad-ass malgré la pauvreté du métrage et de ses effets minables. L’auto-dérision c’est important dans ce genre de moment, histoire de bien faire passer la douloureuse et de balancer à son auditoire que c’est une belle perte de temps de s’infliger un autre visionnage pour des rares anecdotes de tournage entre deux caisses lâchés furtivement dans le studio et 2-3 blagues scabreuses quant il ne se vante pas d'être un gros queutard qui baise tous les soirs. Je croyais naïvement que la beauferie était une maladie qui n’atteignait que les bisseux, les quadra et les metalleux. Le rappeur reconnaît d’ailleurs sans sourciller qu’il s’en bat ouvertement les steak de ce film merdique parce que personne ne le verra, et que si vous en êtes comme moi et mon meilleur ami à le revoir une seconde fois, c’est que vous n’avez probablement rien de mieux à foutre de votre vie et qu’il serai donc temps de décrocher la dope ou de faire du bénévolat dans une vie associative. Je vous épargne évidemment les détails mais c’est de la poésie, le commentaire audio à lui tout seul vaut le mérite de se coltiner les 69 minutes de métrage. C’est aussi grâce à son champ lexical ordurier que l’on finit par passer un bon moment et à apprécier le personnage qui s’avère en réalité bien moins con et premier degré qu’on ne le pensait puisqu’il est bien conscient de la nullité de ce qu’il vend avec ses partenaires truands de la galère. Inutile de dire qu’Albert Pyun n’a pas daigné participer au sinistre making of, surtout après un tel degrés de cynisme. Mieux valait-il se faire oublier et passer à un autre projet. Vu l’embarras de la situation, on le comprend tout à fait.


Pour résumer, Corrupt c’est le gros caïd du quartier qui tente soit disant de maintenir la paix. Evidemment c’est un méchant qui ne s’arrête devant rien pour arriver à ses fins, il peut faire la poucave auprès des flics tout en brandissant le code de la rue à tout bout de champs. Faites ce que je dis mais pas ce que je fais en somme, on connaît. Celui qui s’avise de lui manquer de respect ou de lui voler dans les plumes s’expose à une vengeance spectaculaire et brutale. Bref c’est l’exemple prototypique du gangster de cité qui humilie ses subordonnées et traite les femmes comme des tassepé. De l’autre côté y a Silkk the Shocker qui va lui soutirer de la came pour tenter de se faire un nom et briser l’oppression. Une chasse à l’homme s’engage alors entre les deux hommes malgré l’interventionnisme inutile de sa sœur. Ça aurait pu avoir été écrit par un ado de cité dont la culture ne se limiterai qu’à Booba, Snoop Dog et 50 Cent. Corrupt est à l’image de son environnement, c’est tout simplement le néant. Un néant abyssal capté au coeur du ghetto de Bratislava dont les acteurs ont dût braver le froid hivernal pour nous gratifier de cet écrin. Les figurants d’ailleurs peu nombreux sont de gros naze destinés à s’écraser devant le duo de rappeurs et à ne pas faire les malins sous peine de se voir flanquer une rouste ou bien de se faire immoler par le feu grâce à la magie des CGI dont Ice-T était visiblement assez fier de lui. Sinon peu de chose à se mettre sous la dent si ce n'est la rage furieuse d'un mari cocu qui débarque comme King-Kong de son île pour botter des culs dans un fast-food miteux avant d'enfourcher sa moto qui lui sert de tank et de tuer des dizaines de gangsters dans un ballet de 9mm façon impasse mexicaine (ou plutôt afro-américaine) avec tout le monde qui tire sur tout le monde dans un vacarme incompréhensible et bien trop pingre en jus de myrtilles. On devine évidemment les contraintes budgétaires malgré le nombre hallucinant de personne au générique, ça se limite donc à : pan-pan, je t'ai touché, tu simules la mort en gémissant. Il y a évidemment plein de chose qui cloche, des faux raccords, des ellipses temporelles désastreuses, une gestion de l'espace calamiteuse, des transitions et raccords finit à la truelle digne d’une mauvaise sitcom censé nous faire croire que l’histoire se déroule à New-York, et je ne parle pas du traitement réservé aux femmes et de la morale un brin douteuse véhiculé par le scénario qui tient sur un couplet de Rap. Ça tombe bien d’ailleurs, puisque cela permet de meubler le bousin avec les chansons en fond sonore histoire de vendre plus d’albums. C’est typiquement le genre de navet que l’on ne produirait plus, où une belle femme intelligente et classieuse est obligé d'offrir son corps pour sauver la peau d’un frère débile et immature qui se planque courageusement dans les poubelles pour éviter d’affronter ses problèmes. Bref, si vous aimez les BBC, les dialogues bête et méchant, et que vous avez très peu d’amour propre, vous devriez comme moi passer un bon moment.


Si t'as atterri ici, c'est que toi aussi t'es un vrai dur à cuire qui aime les films de bonhommes. Alors si t’en a marre des féministes et des sitcoms romantiques de ménagères, rends-toi sur l’Écran Barge où tu ne trouveras que des vrais mecs qui portent leur baloches et règlent leurs comptes à l'ancienne en flinguant des hélicoptère avec des bagnoles. De la testostérone, de l'action, des fusillades, et des explosions ! !! !! AVEC DES PATATES PUTAIN !

Le-Roy-du-Bis
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le 7 févr. 2024

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