Cronenberg, c'était la dernière fois
Sérieusement, que s'est-il passé? Je ne parle pas de la sélection du bousin à Cannes, ca je peux comprendre. Mais comment un tel massacre cinématographique a-t-il pu se produire impunément. Quoi, Cronenberg n'avait-il aucun producteur pour le rappeler à l'ordre? Surtout après le très inégal A dangerous Method il y a à peine un an? Dix personnes ont quitté la salle, j'ai failli faire de même mais je suis bête, j'espère toujours un redressement de barre.
Alors bon, j'admire la prise en charge du handicap dans la vie de tous les jours, les rampes pour les personnes à mobilité réduite, les sous-titres pour mal-entendants, les signals sonores aux passages piétons, je trouve que c'est digne d'une civilisation évoluée comme la notre. Mais faire un film pour aveugle au détriment des voyants, c'est un peu poussé. Sérieusement, j'ai fermé les yeux (pour m'assoupir j'avoue) pendant une quinzaine de minutes et je suis sûr de n'avoir rien raté (il s'agissait la scène du resto désert à mi-film, ou le mari et la femme conversent, pour ceux qui se seraient fait blouser comme moi). Phone game était presque plus varié et interessant. Cosmopolis n'est qu'une succession de dialogues insipides en champ contrechamp, débités, pseudo-intellectuelo-désabusé, entre mister Packer et son garde du corps, son informaticien, sa femme (WTF elle n'a pas cligné les yeux du film!), son médecin, son petit génie asiatique de 22 ans qui fait nimp, sa théoricienne, le gros black cliché, bref, une sarabande de guignols inintéressants au possible pour une critique du capitalisme niveau lycée. Et encore, une critique en demi-teinte, la faute à un délitement moral dont Cronenberg semble aussi atteint (il est aussi scénariste), en refusant au "meurtrier" des motivations altruistes, et par là à quiconque. Je ne parle pas des acteurs (si j'étais patriote, Juliette Binoche me ferait honte, à peine rattrapée par Mathieu Amalric en entarteur, de loin le meilleur moment du film) qui ont l'air de penser à autre chose et à qui on fait débiter des dialogues d'une pauvreté criminelle. Et cette fin ! A cette fin ! La salle a explosé de rire !
Si nous résumons, Cosmopolis est chiant comme la pluie, bavard à outrance, intellectuellement creux, visuellement inexistant, et moralement lamentable. Cronenberg, c'était la dernière fois.